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lutions successives dont le Mexique a été le théâtre, montre combien est grande l’action de l’armée : toutes les fois que les troupes de ligne n’ont pris aucune part dans le mouvement d’un parti, ce parti n’a jamais pu triompher, quelque populaire qu’il parût, et quelque justes que fussent les motifs sur lesquels il s’appuyait. Qu’on ne se forme pas cependant de cette armée une idée analogue à celle de nos troupes françaises, où la discipline est la suprême loi, où la désobéissance envers un supérieur est punie de mort ; cette inflexibilité de la discipline n’est pas applicable au Mexique : les officiers sont souvent obligés d’user de persuasion pour obtenir l’obéissance de leurs soldats. Et c’est tout simple ; l’ordre social n’est pas bien affermi, ce n’est aujourd’hui que contre des concitoyens que les soldats ont à marcher, et ils hésitent souvent sur le choix du drapeau : les troupes de ligne, aux journées de juillet, se sont-elles battues dans les rues de Paris, comme aux plaines d’Austerlitz ou d’Iéna ?

On se demandera peut-être pourquoi le pouvoir législatif n’oppose pas une barrière aux passions qui agitent et bouleversent le pays ; mais si l’on se rappelle que la constitution n’est pas née des besoins du peuple, qu’elle n’a été transplantée dans le pays que parce qu’après l’expulsion des Espagnols un système organique quelconque était nécessaire, on concevra que le congrès ne doit avoir qu’une autorité titulaire, et qui n’est soutenue par aucune sympathie dans les classes inférieures.

Deux choses antipathiques se trouvent en froissement continuel dans cette république : une force militaire considérable et une constitution toute libérale ; l’une paraît devoir absorber l’autre. Déjà Iturbide a donné l’exemple, et l’audace ne manquera probablement pas à certains généraux pour le suivre.

Comme introduction nécessaire à la révolution de 1832, nous allons rappeler en peu de mots les derniers événemens politiques qui ont troublé le Mexique. Avec l’année 1828 expirait la présidence de Vittoria : à l’approche des nouvelles élections, tous les hommes qui aspiraient au fauteuil commencèrent à remuer ; Santa-Anna éclata ouvertement, et Guerrero répondit à son cri de révolte. Le pays alors se trouva partagé en deux factions rivales ; la première, composée de fédéralistes outrés, voulait la constitution