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REVUE. — CHRONIQUE.

charmé de cette énergie, l’accueillit par des applaudissemens et des acclamations prolongées. »

Entre autres chapitres remarquables, il faut citer la loi qui punit de mort, le mannequin, le traité d’alliance, et cette singulière scène, où, après la liaison de Struensée et de la reine découverte, les marins de Copenhague, épris d’un beau zèle de morale, entrèrent dans les maisons de débauche qu’on n’avait pas besoin de leur indiquer, et traînèrent dans les rues toutes ces malheureuses femmes qui furent égorgées, foulées aux pieds, ou jetées dans les canaux de la ville. Faute de place, nous indiquerons sommairement les figures de la reine-mère et de Christian surtout comme des études consciencieuses, et rendues avec art ; mais nous préférons de beaucoup Marie Beaumarchais à la reine Mathilde ; toute l’économie du livre est harmonieuse et bien balancée ; on y reconnaît la science dramatique des auteurs du Masque de fer.

HECTOR FIERAMOSCA, PAR M. MAXIME D’AZEGLIO.

S’il fut jamais une mine inépuisable en émotions dramatiques, c’est sans contredit, les annales italiennes à l’origine du seizième siècle. Quelle époque pour le poète et le romancier que celle où l’Italie, fractionnée en petites républiques usées par leurs discordes intestines, se débattait en outre entre les Français et les Espagnols, qui convoitaient ses plus riches provinces ; où les condottieri, les hauts barons, les seigneurs de tous étages faisaient assaut de valeur, d’intrigues, de trahisons, d’assassinats, d’empoisonnemens ; où la débauche et le crime étaient assis sur le trône pontifical dans la personne d’Alexandre vi ; où enfin, en dépit et peut-être à cause de l’excitation produite par un pareil état de choses, l’art enfantait des merveilles qui depuis n’ont point été égalées ! Mais les réalités de l’histoire l’emportent là comme presque partout sur les créations de l’imagination la plus hardie, et c’est une rude tâche pour le romancier d’avoir à lutter contre les pages de Guichardin ou de Tomasi. Voilà une des raisons qui nous ont fait éprouver une satisfaction très légère à la lecture de l’ouvrage de M. d’Azeglio. Une certaine rumeur favorable avait précédé l’apparition de ce livre en France ; M. d’Azeglio est gendre de Manzoni ; l’auteur des Fiancés n’était pas, dit-on, étranger à la composition du livre. Disons-le, franchement, nous avons peine à le croire.

Dans le magnifique horizon qui se déployait à ses yeux, M. d’Azeglio a fait choix d’un point de vue unique et borné qu’il a décrit en y ajoutant diverses fabriques de sa façon pour orner le paysage et compléter le tableau. L’action de son roman se passe en 1503, un an avant la mort d’A-