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furent brillantes, et tout jeune encore, il se fit remarquer par la facilité avec laquelle il composait des vers latins sur des sujets de galanterie. Mais il ne tarda pas à donner une autre direction à ses talens. Accueilli par le cardinal Caprani, il devint son secrétaire, et l’accompagna au concile de Bâle. De retour en Italie, il s’attacha au cardinal de Sainte-Croix, et parcourut avec ce nouveau patron la France, l’Angleterre, l’Écosse et l’Allemagne. Bientôt Æneas retourna à Bâle où se tenait toujours le concile, et il entra dans l’intimité du pape Martin v. Il avait alors vingt-six ans ; c’est à cette époque qu’il composa plusieurs ouvrages pour la défense du concile, contre le pape Eugène iv. Cependant l’empereur Albert ii le nomma plus tard son poète lauréat, puis son secrétaire. Engagé par la suite dans les relations diplomatiques, Æneas fut chargé d’une mission délicate auprès du pontife Eugène iv, qu’il avait combattu autrefois, et qui néanmoins le prit aussi à son tour pour secrétaire, et le fit sous-diacre à l’âge de trente-neuf ans. Sous ce même pontificat, il fut élu successivement évêque de Trieste, puis de Sienne. Le pape Calixte iii le fit cardinal, et enfin après la mort de ce pontife, Æneas Sylvius lui succéda le 27 août 1458, sous le nom de Pie ii.

Telle est en peu de mots l’histoire d’Æneas Sylvius ; rien n’est si facile que de connaître en détail sa vie politique. Beaucoup de biographies, l’Art de vérifier les dates, sa Vie écrite, par Platina, ses ouvrages même, et enfin les Commentaires de Jean Gobelin, son secrétaire, à la rédaction desquels il a présidé, sont des sources plus que suffisantes où l’on pourra puiser toute espèce de renseignemens.

Pour l’objet que nous nous proposons ici, il suffira, sans doute, d’avoir indiqué les emplois et les dignités ecclésiastiques dont cet homme spirituel et habile a été revêtu.

Considéré comme homme de lettres, Æneas Sylvius peut passer pour un écrivain fécond. Les titres seuls des différens écrits dont le recueil de ses œuvres se compose, en font foi ; les voici : — Relation de ce qui s’est passé au concile de Bâle, — Histoire de Bohême, — Extraits d’une partie de l’histoire impériale, — une Cosmographie, — l’extrait d’un livre du poète Panormita, — un traité de rhétorique, — un autre traité de l’éducation des enfans, — et enfin le recueil de ses lettres, le tout formant un volume de mille trente-quatre pages in-folio ; la correspondance seule en occupe quatre cent soixante-trois.

Cette correspondance a été mise en ordre et publiée par le pape Pie ii lui-même. Non-seulement ce pontife n’a pas craint que l’on fît des recherches sur sa vie privée, mais il a pris soin, au contraire, de conserver et de publier des lettres de lui que tout autre n’aurait pu faire connaître sans