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REVUE DES DEUX MONDES.

amer : j’ai été si malheureux ! Mais tu me consoleras, toi, n’est-ce pas ?

JANE.

Oui, mon beau rêveur, si vous consentez à être consolé.

ALDO.

Comment pourrais-je ne pas y consentir ? Voilà une parole étrange dans votre bouche !

JANE.

Vous vous étonnez de mon desir de vous consoler ? C’est vous, Aldo, qui me semblez étrange !

ALDO.

En effet, c’est peut-être moi ! Passez-moi ces boutades, c’est malgré moi qu’elles me viennent. Je ne veux pas m’y livrer. Donnez-moi votre main, Jane, et donnez-moi aussi votre foi. Jurez avec moi sur le cadavre de ma pauvre vieille amie qui n’est plus, que vous vivrez pour moi, pour moi seul. J’ai besoin à l’heure qu’il est, de trouver un appui ou de mourir. Vous êtes mon seul et dernier espoir ; m’accueillerez-vous ?

JANE.

Si je vous promets de vous aimer toujours, me promettez-vous de m’épouser ?

ALDO.

Vous en doutez ?

JANE.

Non, je n’en doute pas.

ALDO.

Mais vous en avez douté.

JANE.

Pourquoi quittez-vous ma main ? Pourquoi vous éloignez-vous de moi d’un air sombre ? Est-ce que je vous ai offensé ?

ALDO.

Non.

JANE.

Vous ne voulez pas me regarder ?

ALDO.

Je vous regarde ; seulement ce n’est pas votre figure qui m’occupe, c’est au fond de votre cœur que mon regard plonge.