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REVUE DES DEUX MONDES.
ALDO.

Il est évident que vous venez me dépouiller ; mais je ne crains rien de ce côté-là. Entrez.

TICKLE.

Souffrez que je vous embrasse.

ALDO.

Permettez-moi de vous mettre sur la table.

TICKLE, sur la table.

Et comment vous portez-vous, mon excellent seigneur, depuis que nous ne nous sommes vus ?

ALDO.

Mais… tantôt bien, tantôt mal. Il s’est passé beaucoup de choses depuis que je n’ai eu l’honneur de vous voir.

TICKLE.

En vérité, mon cher monsieur ?

ALDO.

Sur mon honneur ! ce serait trop long à vous raconter. Il y a vingt ans environ, car notre connaissance date de l’autre monde.

TICKLE.

Vraiment ?

ALDO.

Sans doute, puisque je n’ai encore jamais eu l’honneur de vous rencontrer dans celui-ci ?

TICKLE.

Comment ! vous ne me connaissez pas ? Vous ne m’avez jamais vu ?

ALDO.

Non, sur mon honneur, mon cher ami.

TICKLE.

Eh ! mais, d’où sortez-vous ? où vivez-vous ?

Aldo

Je vis dans une taupinière ; mais vous, il est certain que, si j’en juge par votre taille, vous sortez d’un trou de souris.

TICKLE.

Et c’est pour cela que vous devriez connaître, ne fût-ce que de vue, le célèbre nain John Bucentor Tickle, bouffon de la reine.