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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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La dissolution de la chambre nous a beaucoup occupés pendant cette quinzaine, puis la prise de Lisbonne, puis les duels politiques. Pour le petit nombre de Parisiens qui restent encore à Paris, la quinzaine a été bonne.

Il est bien difficile, en province, de se faire une idée de la manière dont circule, dans les salons de Paris, une nouvelle politique. Il se trouve toujours trois sortes de personnes qui se chargent de la répandre et de la formuler. D’abord, les gens bien informés, qui en disent peu de chose, ne la communiquent que par monosyllabes, et passent sous silence le point le plus important ; ensuite, les gens mal informés, qui disent tout en tout dénaturant, et enfin ceux qui ne savent rien et qui parlent plus que les autres. Cette dernière classe, fort répandue dans les journaux, ne laissait pas douter que la dissolution de la chambre ne dût avoir lieu sur l’heure même. Les mal informés ne menaient pas si grand train les affaires. Ils n’admettaient pas que la dissolution fût si prochaine ; mais comme les gens mal informés divisent le cabinet en politiques et en doctrinaires, c’est-à-dire en roués pratiques et en roués philosophiques, ils partaient de cette base pour admettre l’adoption peu reculée de la mesure. Les doctrinaires, qui veulent la dissolution, étant en minorité dans le conseil, devaient succomber dans la lutte.