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de peines pour acquérir sur ce point des notions exactes, en évalue le nombre à moins de six mille. Ce voyageur est M. Seetzen, qui avait été envoyé dans ce pays par le duc de Saxe-Gotha, pour recueillir des manuscrits, et qui y a fait un séjour de plusieurs années. Ses observations se trouvent consignées dans une lettre à M. Hammer, interprète pour les langues orientales à la cour de Vienne.

« Il y a, dit M. Seetzen, des provinces entières telles que l’Arabie Pétrée et le Hadramont où il n’existe pas un cheval. On n’en trouve que très peu dans les déserts où les Bédouins errent en nomades, et plusieurs de leurs tribus n’en possèdent pas un seul. Dans les tribus les mieux partagées sous ce rapport, il y en a un petit nombre qui sont la propriété de quelques sheiks ou de leurs parens ; mais l’homme le plus opulent n’a que l’animal destiné à son propre usage : de simples Bédouins ne seraient pas assez riches pour fournir à l’entretien d’un cheval, aussi n’en possèdent-ils jamais.

« Dans la grande province du Hedjaz, on ne trouve que très peu de chevaux ; le shériff de la Mecque, qui passe pour en avoir un nombre prodigieux, n’en possède pas plus de soixante à soixante-dix qu’il tient dans un haras, appelé el Bassatin, situé à une demi-lieue de la Mecque, et où il lui naît, tous les ans, quelques poulains. La grande tribu Harb ne comptait autrefois qu’un seul cheval ; mais depuis qu’elle s’est faite Wahabite et qu’elle a des émirs de sa race, chacun de ces émirs a reçu en présent un cheval de Séoud, chef des Wahabites ; d’ailleurs dans tout le Hedjaz aucun particulier, quelles que soient ses richesses, n’est en possession d’un cheval, pas même les chefs des deux grandes maisons de commerce établies à Djedda, El Djilani et Abdallah al Sukkath. Ils se contentent de mules pour leurs montures, sachant bien que s’ils s’avisaient d’acheter des chevaux, le shériff de la Mecque ne manquerait pas de les leur demander aussitôt ; et ce ne serait pas la première fois que pareille chose serait arrivée. Ce shériff, d’ailleurs, malgré son haras, est sans cesse obligé, pour tenir le nombre de ses chevaux au complet, d’en tirer de l’étranger : c’est ainsi que, pendant mon séjour à la Mecque, il reçut de l’aga de Massaba dans le Sennaar un présent de seize rosses efflanquées.

« En somme j’estime à mille, environ, le nombre total des chevaux du Hedjaz, et quiconque aura parcouru ces provinces verra bien que mon évaluation pèche plutôt par excès que par défaut.

« L’Yémen n’est guère plus riche en chevaux que le Hedjaz, et un des officiers de la maison des Imans de Saana m’a assuré que son prince ne pouvait pas monter plus de trois à quatre cents hommes. Cet état est divisé en vingt-quatre départemens commandés chacun par un Daula, ou gouver-