Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/439

Cette page a été validée par deux contributeurs.
433
ANCIENNE POÉSIE SCANDINAVE.

absolu qui était le lot des Finois, et le commandement suprême, qui était le partage des Ases ou Suédois. C’étaient probablement les Goths qui formaient la masse des colons ou paysans libres, tandis que les Ases étaient les chefs militaires.

Les Ases paraissent avoir été une population d’élite, une tribu éminente, supérieure en intelligence et en beauté aux Goths, leurs frères par le sang, et leurs devanciers dans la conquête. Aussi le poème dont nous nous occupons insiste-t-il sur l’éclat et la blancheur de leur teint, sur la vivacité de leur regard.

La fiction de l’aïeul et de l’aïeule, du grand-père et de la grand’mère, du père et de la mère, indique l’ordre d’ancienneté des trois populations.

Le Noble, qui va faire la guerre vers le nord, rappelle ces expéditions fréquentes des Ases contre les peuplades finoises cantonnées dans la partie septentrionale de la Scandinavie, dont les traditions de la mythologie montrent tant de traces.

Remarquez que le Roi (Konr) est un fils du Noble (Jarl), qu’il est son dernier fils. En effet, la royauté est née de cette sorte de féodalité primitive que formait l’autorité indépendante des chefs, avant que l’un d’entre eux, sorti de leurs rangs, né de leur sang, eût soumis cette autorité à la sienne en se faisant roi.


J. J. Ampère.