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ANCIENNE POÉSIE SCANDINAVE.

« Alors la mère prit une nappe brodée, une nappe de lin blanc, et en couvrit la table ; elle prit ensuite des pains minces, des pains d’un blanc froment, et les plaça sur la nappe.

Elle plaça sur la table des plats ornés d’argent, pleins de venaison, de lard, d’oiseaux rôtis ; le vin était dans le pot. Les coupes étaient garnies de métal. Ils parlaient et conversaient jusqu’à ce que le jour finit. »

Rig va cette fois encore se coucher entre les époux. Il passe ainsi trois nuits, et au bout de neuf mois, la mère mit au monde un fils qu’elle enveloppa de soie, on l’arrosa de l’eau sacrée, et on le nomma le Noble (Jarl). Sa chevelure était blanche, ses joues vermeilles, ses yeux brillaient comme ceux d’un petit serpent.

Le Noble grandit dans la maison. Il apprit à brandir la lance, à tordre le nerf de l’arc, à ployer l’arc, à fabriquer des flèches, à faire voler des traits, à agiter des lances, à monter sur des chevaux, à lancer des chiens de chasse, à tirer le glaive, à nager.

Rig vint à sa demeure ; Rig le voyageur lui enseigna les runes, il lui donna son nom. Il l’avoua pour son fils, et voulut qu’il possédât des champs héréditaires, des champs nobles, et des demeures antiques.

Ensuite, le Noble chevaucha par un chemin sombre, par des montagnes glacées, jusqu’à ce qu’il arrivât à une demeure. Là il commença à brandir sa lance de tilleul, il poussa son cheval, il tira son glaive, il éveilla la guerre, il rougit les champs, il fit du carnage, il gagna de la terre.

Ensuite il gouverna seul dix-huit gaards, il divisa ses richesses et les partagea entre tous, donnant aux uns des anneaux d’or, aux autres des chevaux agiles. Il distribua les anneaux, il brisa les bracelets. »

Le Noble (Jarl) épouse la fille du baron (Herser), et leurs enfans sont le fils, l’enfant, la race, l’héritier, le parent, le descendant. Le dernier de ses enfans est Konr, le chef, le Roi. Les autres enfans du Noble se livrèrent aux occupations de leur père, ils domptèrent des chevaux, ils courbèrent des boucliers, ils aiguisèrent des traits, ils brandirent des lances. Mais le plus jeune, le roi connut les runes : les runes du temps, les runes de l’éternité. Il sut