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ANCIENNE POÉSIE SCANDINAVE.

cherchez pas à prévoir votre sort, et votre âme sera libre de soucis.

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Il doit se lever de bonne heure, celui qui veut gagner les biens ou la vie d’un autre. Le loup qui reste couché ne trouve pas un repaire. On ne triomphe point en dormant.

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Comme l’aigle s’étonne égaré sur la mer sauvage jusqu’à ce qu’il parvienne à la rive, ainsi est l’homme qui vient parmi beaucoup d’hommes où il a peu d’amis.

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Tout homme sage doit se servir avec précaution de sa force, car on trouve, lorsqu’on vient parmi les braves, que nul n’est fort contre tous.

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Bien que malheureux, nul n’est entièrement privé de bonheur. L’un est heureux par ses fils, l’autre par ses amis ; l’un par ses richesses, l’autre par ses bonnes actions.

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J’ai vu briller le feu dans la salle du riche, mais devant la porte se tenait la mort.

Le boiteux peut monter à cheval, le sourd combattre vaillamment, celui qui n’a qu’une main paître les troupeaux ; il vaut mieux être aveugle que mort[1]. On ne peut rien faire d’un mort.

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Ton troupeau meurt, tes amis meurent, et toi-même tu dois mourir ; mais pour celui qui s’est acquis une bonne renommée, cette renommée ne mourra pas.

Ton troupeau meurt, tes amis meurent, et toi tu dois mourir aussi ; mais je sais une chose qui ne meurt jamais, le jugement sur ceux qui sont morts.

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Il faut louer la journée le soir, une femme quand elle est morte,

  1. Ce passage est un de ceux qui prouvent l’antiquité du Hava-Mal. Il y a dans le texte : il vaut mieux être aveugle que brûlé (brendr). L’usage de la crémation des corps précéda en Scandinavie celui de l’inhumation, qu’on trouve déjà à l’époque historique la plus reculée.