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ANCIENNE POÉSIE SCANDINAVE.

la réunion de plusieurs fragment qui contiennent le sommaire des principaux mythes scandinaves, plutôt rappelés que retracés par quelques grands traits d’une poésie souvent obscure, toujours bizarre, quelquefois sublime.

C’est l’expression voilée des oracles ; ce sont des enseignemens mystérieux sur l’origine des choses ; c’est l’annonce lugubre de la grande catastrophe dans laquelle l’univers et les dieux doivent périr pour renaître.

Les traditions sur lesquelles repose le poème, appartiennent à la plus ancienne époque de la mythologie scandinave. Ici les dieux sont des êtres cosmiques et non des personnages héroïques. Le poème que nous avons, est évidemment un débris d’une cosmogonie perdue ; il offre de grandes lacunes, de grandes obscurités ; quelques parties sont de sèches énumérations de noms mystiques. Tout cela indique, non pas un poème primitif, mais un abrégé, un résumé incomplet de traditions, et probablement de chants qui remontent à une antiquité encore plus reculée.

Telle qu’elle est, la Voluspa doit être classée au nombre des plus anciens chants de l’Edda par le mètre, la nature des idées, le caractère du style, concis, heurté et simple, sans aucun mélange de la recherche maniérée qui se fait déjà sentir dans les scaldes du neuvième siècle.

Le cadre du poème est celui de plusieurs chants mythologiques de l’Edda. C’est un personnage de la race des géans : ici une vola[1], qui raconte aux dieux réunis les destinées de l’univers. Tout ce qui a trait au grand combat qui doit amener la fin et le renouvellement du monde, est développé avec la complaisance d’un prophète qui menace ses ennemis. Cet hymne sinistre du dernier jour est ce qu’il y a de plus remarquable dans le poème. C’est une vision confuse, gigantesque et terrible ; c’est comme l’Apocalypse du nord.

Voici la traduction de quelques lambeaux de ces prophéties

  1. Vola ou Vala était le nom qu’on donnait aux prophétesses qu’on appelait en diverses circonstances pour prédire l’avenir, surtout à la naissance des enfans.