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REVUE. — CHRONIQUE.

de l’effet désagréable qui en résulte pour l’œil. Rien n’est donc plus urgent que de remédier à un pareil état de choses qui défigure le plus bel établissement scientifique de l’Europe, et la construction d’une galerie supplémentaire est le seul moyen de le faire disparaître.

Deux plans ont été proposés à cet effet. L’un, qui n’a pas été adopté, avait été mis en avant par M. Cuvier, dont l’avis en pareille matière est de quelque poids. M. Cuvier proposait d’élever un bâtiment parallèle à celui qui existe déjà, et de les réunir tous deux par des ailes latérales, de manière à ce que le tout formât un parallélogramme régulier auquel on eût donné la largeur nécessaire en empiétant plus ou moins sur le jardin. Il eut suffi pour cela de reporter la grille intérieure un peu plus loin, et de sacrifier seulement quelques-uns des tilleuls qui se trouvent en tête des trois allées de ce côté. Les avantages de ce projet sont nombreux et frappans à la première inspection. D’abord les collections des trois règnes eussent été réunies dans la même enceinte ; l’œil eut pu suivre leurs diverses séries dans une suite de salles qui, pendant de longues années, eussent suffi à tous les envois futurs, en les supposant même aussi nombreux que dans ces derniers temps. Ensuite le jardin, auquel on reproche d’être trop long pour sa largeur, perdait une partie de ce défaut ; et enfin on eût moins aperçu le toit de la Pitié, qui, de loin, paraît faire partie de l’édifice actuel et l’écrase de sa masse noirâtre.

On a préféré à ce plan un autre projet qui nous paraît pécher sur tous les points que nous venons d’énumérer. Le bâtiment dont on vient de poser la première pierre, sera situé parallèlement à la rue de Buffon, et complètement isolé de l’ancien. Pour lui faire place, il faut abattre ces massifs de jeunes arbres qui existent sur l’emplacement, et qui sont du meilleur effet. Quelques pieds de distance le sépareront à peine de l’allée de tilleuls qui règne de ce côté du jardin, de sorte que, l’édifice élevé, cette allée interceptera le jour, occasionnera une humidité nuisible aux murs, et force sera de l’abattre sur une largeur considérable, pour éviter ces deux inconvéniens. Nous regretterions particulièrement ces beaux ombrages ; messieurs les architectes, toujours empressés à montrer leur savoir-faire, ont, en général, fort peu de respect pour les productions de la nature, qui cependant valent bien les leurs à tout prendre.

Cette galerie, consacrée tout entière à la minéralogie, sera fort belle sans doute ; mais les minéraux n’occupent en ce moment que deux des salles de l’ancienne, et cet espace sera loin de suffire aux besoins de la zoologie, pour laquelle quatre salles de plus ne seraient pas de trop. Si, pour obvier à cela, on transporte une partie des animaux dans le nouvel édifice, il s’ensuivra que la série zoologique sera coupée en deux portions, et que