Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
323
INTRODUCTION À LA SCIENCE DE L’HISTOIRE.

l’ensemble de ses mouvemens, est un résultat de l’éducation, c’est-à-dire de l’action prolongée de la spontanéité pour la mettre en jeu. Quant à l’invention à priori elle-même, c’est une véritable sensation spirituelle ; l’âme, après avoir cherché, sent une généralité nouvelle de rapports et la nomme, exactement comme dans une minime circonstance, elle perçoit et nomme un besoin de l’organisme. L’homme n’exprime jamais, soit en signes, soit en actes, rien au-delà des élémens mêmes de son activité. Aussi l’œuvre scientifique tout entière, le meilleur plan encyclopédique est virtuellement organisé en lui, en sorte que la fin de nos travaux sera de représenter exactement, en signes transmissibles, la systématisation que nous portons avec nous. La propriété la plus générale qui se manifeste dans les phénomènes logiques, est le rapport d’activité à passivité, rapport qui n’est autre chose que la relation d’influence qui ne cesse d’exister entre notre spontanéité spirituelle et notre matière nerveuse. Un phénomène logique présente trois périodes, celle du désir, celle du rationnalisme, celle de motricité. Ces trois mouvemens composent l’acte scientifique complet. Leur réunion constitue la vérité de la méthode. Les produits de l’activité logique, lorsqu’ils sont purs de toute expression artiste et de tout caractère sentimental, constituent l’œuvre rationnelle et scientifique. Le but scientifique pur doit être défini : la connaissance des relations de causes à effets qui gouvernent toutes choses ; en d’autres termes, la tendance constante dans les sciences a été et sera de posséder la loi de génération des phénomènes. Dans la physiologie sociale, les propriétés logiques constituent les formes absolues de l’esprit humain. L’œuvre logique commence du jour où le dogme est révélé ; il ressort en effet de celui-ci ; la foi est une certaine relation de cause à effet. Le mouvement rationnel entre dans le mouvement logique de l’humanité, en succédant à l’acte sentimental. La première époque rationnelle est l’état théologique, nous appellerons la seconde état ontologique, et nous nommerons la troisième et dernière physicisme ou positivisme. L’époque théologique donne lieu sur-le-champ à une pratique politique conforme à elle-même, et le système théocratique s’empare de la société, en même temps que l’ontologie envahit les écoles. Le gouvernement dont il s’agit disparaît, au moment même où les écoles