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abandonnée aux hasards des contacts avec l’extérieur. Description de l’organisme sentimental expressif. Influence du sentiment sur les destinées sociales. La sympathie est impuissante à fonder à elle seule une société. Pour cela, il faut qu’elle existe comme désir émanant d’une doctrine à priori. Une synthèse sentimentale ne peut être créée qu’a priori, par un acte spontané et pur de l’esprit. La synthèse spirituelle du sentiment constitue ce qu’on appelle parmi les hommes la morale. Le dévoûment est le raisonnement de l’amour passé à l’état de réalisation. Le dévoûment tient à deux causes : l’une est une haute puissance de spontanéité, où l’esprit domine et entraîne tout ; l’autre est une large et vive organisation sympathique.


Des beaux-arts. — Les beaux-arts émanent directement de cette portion de l’organisme sentimental que nous avons appelée expressive. Nous appelons art l’ensemble des moyens par lesquels on fait que le sentiment passe de l’état de conception à celui de réalisation ; en d’autres termes, par lesquels il se propage sympathiquement. L’art doit être envisagé sous deux aspects généraux, savoir : à l’état de synthèse, c’est-à-dire dans son principe de généralisation, et dans ses moyens de détail. Il n’y a œuvre de l’art que là où respire la forme des passions humaines. Mais le principe de généralisation ou de synthèse est autre : il faut que l’œuvre entière soit faite homme, et l’homme élevé au plus haut degré d’expression qu’on lui connaisse. Description de l’opération de l’artiste, et de l’œuvre de l’art. Théorie de l’art, d’où il résulte qu’il ne peut y avoir de création d’art, que du point de vue à priori. Donc il n’y a d’art véritable que dans les époques synthétiques de l’humanité. Ailleurs il n’y a plus que des imitations. Donc il n’y a pas de création véritablement artiste qui ne soit morale et socialisatrice.


De l’activité logique, ou du raisonnement et des sciences. — L’activité logique et rationnelle est le résultat des rapports de l’âme avec les phénomènes nerveux, et comme les phénomènes nerveux s’engendrent dans une succession organiquement déterminée, la logique a une normalité absolue, dont l’esprit n’est pas le maître. La perfection de l’appareil logique, quant à la rapidité, à la précision, à