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tout système. L’état de transition existe par le passage de l’état de synthèse à celui d’analyse ; mais il n’y a pas d’intermédiaire entre cette dernière et le système opposé. Nous appelons âge logique le mouvement social qui représente l’acte logique complet, et qui commence avec la révélation d’un but d’activité propre à engendrer une synthèse, et se termine avec l’état d’analyse à l’invention d’une nouvelle doctrine unitaire. Une conception vraiment synthétique est toujours la religion. Il n’y a pas plusieurs religions, mais une seule. Le mot culte veut dire le mode éternel des communications entre Dieu et les hommes, soit de lui à eux, soit d’eux à lui ; de lui à eux, par l’enseignement et l’inspiration ; d’eux à lui, par la prière et le sacrifice. Et, sous ce rapport, il est en même temps sentiment, raison et acte. La transition de l’état de synthèse à l’état opposé s’opère par une succession de synthèses de plus en plus petites, qui sont toutes les déductions de celle qui les précédait. C’est en réalité une analyse qui commence et procède avec ordre, débutant par isoler de l’unité et faire vivre séparément les unes des autres les premières généralités qui se déduisent du système universel antérieur. Sous l’invocation de ce but, des nations se constituent et se nomment. C’est l’époque des grandes individualités et des religions protestantes. Dans l’état analytique pur, le but de la société, celui même de l’humanité, sont déduits de l’individualisme ou des droits des citoyens. Ce n’est plus l’humanité qui meut et dirige les fractions de temps et de nations ; mais ce sont des fractions, les circonstances momentanées qui la gouvernent. Cependant, cet état offre un avantage en vertu duquel il est une fonction du développement de l’humanité. Il met au jour tous les intérêts individuels que les organisations précédentes n’ont pas satisfaits : il appelle tous les individus à faire valoir leurs droits, et il achève, dans la condition sociale des hommes, l’amélioration pensée dans les époques précédentes. Jamais encore aucune synthèse n’a su rallier à elle toutes les particularités ; aussi, ces dernières se sont toujours insurgées pour venir critiquer qui n’avait pu les comprendre. On reconnaît une synthèse à son mode d’origine et de procession. Elle est constituée par la définition d’une seule idée, celle de Dieu ; par l’application de la définition d’une seule volonté, celle de Dieu. Pour créer la société, elle a deux