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minaire citée plus haut, sur la ratification de laquelle on n’entretenait aucun doute, avaient tourné toutes les têtes. On fit en conséquence à peine attention aux deux aides-de-camp du prince, et on les reçut avec une hauteur inconcevable. Ils ne furent admis qu’une seule fois à l’hôtel du gouvernement, où ils servirent en quelque sorte de divertissement aux personnes qui s’y trouvaient réunies. Enfin on les relégua avec M. Robin dans un hôtel garni où ils furent traités avec une mesquinerie honteuse. Après un court séjour dans la colonie, ces deux envoyés s’embarquèrent avec M. Robin pour retourner à Anjouan, sans qu’on fît rien pour les retenir, tant on était sûr du succès des négociations. Le bâtiment qui les portait toucha à Maurice, où les autorités anglaises, avec leur politique accoutumée, leur firent un accueil propre à les dédommager de celui qu’ils venaient de recevoir. Toutes les attentions capables de flatter leur maître, leur furent prodiguées. Le gouverneur les invita à plusieurs dîners de cérémonie, et donna l’ordre de leur rendre les honneurs militaires chaque fois qu’ils paraîtraient en public. Ces deux conduites opposées portèrent leur fruit, et, plus tard, Ramanateck se félicita hautement de ne pas s’être rendu en personne aux désirs du gouvernement français.

Quel ne fut pas le désappointement des autorités de Bourbon lorsque les pièces du traité revinrent de Tananarive sans être ratifiées ! La reine et ses ministres s’étaient refusés à toute cession du littoral. Continuer la guerre était impossible ; le climat avait décimé les troupes, et le reste était hors d’état de supporter de nouvelles fatigues. En attendant qu’on prît un parti, on resta dans l’inaction ; mais la position de Sainte-Marie et de Tintingue devint chaque jour plus critique. Les Hovas reprirent possession de Tamatave que nous n’avions pas occupé, et toute communication avec la grande terre fut de nouveau interdite. C’est à cette époque que commença la famine qui emporta un si grand nombre de Malgaches, surtout parmi ceux qui s’étaient fixés près de Tintingue, où nous ne possédions exactement que la presqu’île.

Cet état de choses, qui n’était ni la paix ni la guerre, puisque des deux côtés on ne faisait aucun mouvement, durait depuis plusieurs mois, lorsque l’administration de Bourbon résolut de renouer les négociations avec les Hovas. M. Tourelle, archiviste de la co-