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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

mandait le général Rakeli, et attaqua la place le lendemain. Mais cette fois nous fûmes repoussés avec une perte de quelques hommes, parmi lesquels se trouva le brave capitaine Schoell, que son courage avait emporté au milieu des ennemis, et qui ne fut pas secondé par les siens ; cette défaite fut néanmoins représentée comme une victoire dans les rapports faits au gouvernement[1].

La division partit pour Tintingue, où elle prit quelques renforts, et se présenta le 3 novembre devant la Pointe-à-Larrée, petite langue de terre située deux lieues au sud de Tintingue, et où les Hovas s’étaient retranchés. Après une action assez vive, le fort fut pris et incendié. L’ennemi perdit environ cent vingt hommes ; et une assez grande quantité d’armes, de munitions et de bétail, tomba en notre pouvoir.

Cette affaire fut la dernière. Les Hovas, trop certains de leur infériorité sur le champ de bataille, eurent recours à un genre de guerre qui sera toujours infaillible avec des troupes européennes dans un pays tel que Madagascar[2]. Ce fut de gagner du temps en faisant espérer sans cesse la paix comme prochaine sans jamais l’accorder, et de laisser au climat le soin de détruire l’expédition. Le 20 novembre, deux de leurs envoyés se présentèrent à bord de la Terpsichore, et assurèrent que la reine était disposée à reconnaître les droits de la France, sans toutefois qu’ils eussent pouvoir de traiter définitivement de la paix. Une convention préliminaire fut en conséquence dressée sur cette base, et les deux envoyés partirent pour Tananarive, afin de la soumettre à l’approbation de leur gouvernement.

Dans cet intervalle, M. Robin arriva à Bourbon, accompagné de deux aides-de-camp que Ramanaleck envoyait pour montrer la bonne volonté dont il était animé à notre égard. Mais pendant son absence, les dispositions des esprits avaient complètement changé. Les succès obtenus par l’expédition et surtout la convention préli-

  1. Voyez le Moniteur du 13 mars 1830.
  2. Toussaint-Louverture, après avoir capitulé et s’être rendu au général Leclerc, disait à ses confidens : « Les Français sont maîtres du pays, mais je compte sur la Providence. » Cette Providence ne lui manqua pas en effet : ce n’était autre chose que l’hôpital de ce nom au Port-au-Prince.