Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.
297
RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

et ses trésors. Maître du pouvoir après ces sanglantes exécutions, Andremiahaja régna sous le nom de la reine, la tint renfermée dans son palais, et créa une sorte d’oligarchie militaire en donnant tous les emplois supérieurs aux jeunes officiers de l’armée, qui lui étaient dévoués. Ceux-ci, fatigués de son despotisme, devinrent plus tard la cause de sa perte ; ils parvinrent à le noircir dans l’esprit de la reine, et obtinrent d’elle l’ordre de sa mort. Il fut tué en 1830 à coups de zagaie, et mourut avec courage sans chercher à fuir. Après lui, les divers chefs se partagèrent en plusieurs factions dont il est inutile de donner l’histoire.

L’envahissement du littoral par les Hovas plaçait Sainte-Marie dans une situation si précaire, et avait amené les choses à ce point qu’il fallait ou que nous renonçassions à Madagascar, ou que nous fissions valoir nos droits par la force des armes. En conséquence, même avant la mort de Rhadama, une expédition avait été projetée dans ce but ; les mémoires remis à ce sujet aux autorités de Bourbon par quelques personnes qui étaient sur les lieux avaient été favorablement accueillis ; et cette colonie, à son tour, avait fait goûter ce projet au gouvernement. Parmi les plans proposés, il s’en trouvait un qui annonçait une longue expérience du pays, et qui eût, selon toutes les apparences, assuré le succès de l’expédition. L’auteur signalait, comme premier moyen de réussite, de ne pas compter sur des Européens seuls, pour faire la guerre sous un climat aussi meurtrier, et invitait à s’appuyer sur les Malgaches, opprimés par les Hovas. Il donnait le conseil de faire un appel à leurs peuplades, de leur fournir des armes et des munitions, et de les organiser en mettant à leur tête des officiers et des soldats européens, pour les soutenir et les encourager par l’exemple. Mais avant d’opérer ce mouvement général, il fallait chercher à jeter la division parmi les Hovas, en relevant le parti opposé à la reine ; il suffisait pour cela d’engager le prince Ramanateck, retiré à Anjouan, à venir réclamer ses droits à l’héritage de son frère, et de l’aider dans son entreprise. Secondé par nous, ce prince eût facilement ressaisi le pouvoir, et fût devenu, autant par reconnaissance que par intérêt, un allié fidèle de la France. Cette marche était sans contredit la meilleure à suivre ; mais la même légèreté, pour ne rien dire de plus, qui avait présidé à la colonisation