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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

dans lequel ils ont travaillé. C’est à leurs conseils, aussi bien qu’à la manière dont elle fut conduite, que nous devons attribuer la malheureuse issue de la dernière expédition. Le premier usage qu’ils firent de leur influence, qui date des premières années de l’empire, fut d’engager Andriampoyne, qui régnait alors sur les Hovas, à soumettre les nations qui l’entouraient, et à se rendre maître de l’île entière. Trop vieux pour mettre un plan aussi vaste à exécution, Andriampoyne ne put que l’ébaucher, et légua ses projets à son petit-fils Rhadama, qui lui succéda vers 1810. Celui-ci, dans la force de l’âge, plein d’ambition et de talens naturels, réalisa les desseins de son aïeul. Le gouvernement des Hovas, qui n’avait été jusque-là qu’une espèce d’aristocratie turbulente avec un chef à sa tête, prit une forme plus despotique, et le pouvoir entier se concentra dans ses mains. Tous les Hovas furent soldats, et façonnés en partie à la discipline européenne avec l’aide des Anglais. Les longues guerres que Rhadama entreprit contre les peuplades de l’île, les lui soumirent tour à tour à l’exception de quelques-unes de l’ouest et du sud qui défendirent leur indépendance avec succès, et qui l’ont conservée jusqu’à ce jour. Ces conquêtes l’occupèrent long-temps, et ce ne fut qu’insensiblement qu’il s’avança vers le littoral de l’est, et s’empara de Tamatave et Foulepointe, où nous n’avions aucune force, ni rien qu’on pût appeler un établissement respectable.

En même temps qu’il étendait au loin ses armes, Rhadama, à qui son génie faisait apprécier la supériorité des blancs, cherchait à introduire leurs arts et leurs usages parmi les Hovas. Un corps de lois fut rédigé. De jeunes Hovas furent envoyés en Angleterre pour s’y instruire dans les connaissances de l’Europe. Les missionnaires reçurent des encouragemens. Des ouvriers, attirés par une proclamation, publiée par Rhadama, en 1825, vinrent s’établir dans le pays. Tananarive, qui n’était qu’un amas de cases éparses, vit s’élever des maisons régulières dans le genre de celles de Bourbon ; un ouvrier français, venu de cette île, en construisit une plus belle que les autres qui servit de palais au conquérant, ainsi qu’un temple dédié au bon génie qu’adorent les Hovas ; en un mot le pays prit une face nouvelle. Sans se faire une opinion exagérée des résultats qui suivirent ces tentatives de civilisation, on ne peut re-