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dance dans les terreins marécageux, et forme la base de la nourriture des habitans, qui trouvent une ressource toujours assurée dans leurs nombreux troupeaux de bœufs, le gibier qui abonde partout, et le poisson qui fourmille sur les côtes. De majestueuses forêts, remplies de bois précieux et d’animaux pour la plupart inconnus ailleurs, couvrent la majeure partie du sol ; et, par une faveur de la nature accordée à d’autres grandes îles, telles que Cuba et Haïty, on n’y trouve aucune espèce de bêtes féroces que l’homme ait à craindre. Les richesses minérales ne seraient pas moins abondantes, si elles étaient exploitées par des mains habiles. Les montagnes de l’intérieur renferment de l’étain, du plomb, du cuivre, du fer, et même de l’or, dont on trouve souvent des parcelles dans les rivières de la côte.

Si nous passons maintenant aux habitans, nous reconnaîtrons parmi eux plusieurs races bien distinctes qui occupent toute l’étendue de l’île, et qui forment une population totale d’environ 1,500,000 âmes d’après les calculs les plus exacts. Les Arabes, qui de temps immémorial entretiennent un commerce assez actif avec Madagascar, et qui en ont même conquis une partie au douzième ou au treizième siècle, ont laissé de nombreuses traces de leur séjour dans la partie nord. Des Nègres proprement dits habitent le littoral de l’ouest ; des Caffres, le sud ; et la côte orientale est peuplée d’une espèce d’hommes qui auraient la plus grande ressemblance avec les Malais, si leurs cheveux, au lieu d’être lisses comme chez ces derniers, n’étaient frisés et crépus sans être laineux.

Ces hommes, désignés habituellement sous le nom collectif de Malgaches, sont ceux avec lesquels nous avons toujours été en rapport depuis notre apparition dans le pays. Ils forment un grand nombre de petites peuplades indépendantes les unes des autres, telles que les Bethsimsaves de Foulepointe, les Betanimènes de Tamatave, les Antavares de Tintingue, etc., et sont soumis à des chefs qui jouissent d’une faible autorité. Ils sont généralement grands et bien faits. Leurs traits sont réguliers, sans présenter le hideux nez écrasé et les lèvres épaisses des Nègres ; la couleur de leur peau varie suivant les tribus : elle est noire chez les uns, basanée ou cuivrée chez d’autres, olivâtre chez le plus grand nombre. Presque toutes ces peuplades sont de mœurs douces et se li-