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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

peine suffisans pour le défendre. Les traitans qui s’y étaient établis se livraient au commerce avec les naturels et approvisionnaient de riz et de bétail Maurice et Bourbon ; l’administration de ces deux îles y envoyait aussi de temps en temps prendre des cargaisons pour son compte.

Lorsqu’en 1810, ces deux colonies tombèrent au pouvoir des Anglais, malgré les prodiges de valeur de notre marine, Madagascar partagea naturellement leur sort, et c’est de cette époque que date le développement de l’influence que les agens britanniques y ont acquise. Par le traité de 1814, Bourbon nous fut rendu, et nos droits reconnus sur Madagascar. Le gouvernement envoya à Tamatave, avec le titre d’agent commercial, Sylvain Roux, qui en avait déjà rempli les fonctions sous l’empire. C’était un homme d’une capacité médiocre, vaniteux et plein d’ambition, mais qui avait montré quelque courage lors de l’attaque de Tamatave par une frégate anglaise. C’est à lui qu’est due la première idée de l’établissement de Sainte-Marie qu’il conçut dans l’intention d’opposer un centre de résistance à Rhadama, qui s’avançait chaque jour sur le littoral ; mais il était incapable de mener à bien une entreprise de ce genre. Avant d’aller plus loin, jetons un coup-d’œil sur Madagascar, ses habitans et principalement les Hovas, qui jouent maintenant le premier rôle dans cette île, afin de montrer dans quelles circonstances se trouva placé dès sa naissance l’établissement en question.

Nous nous étendrons peu sur les avantages qu’eussent retirés de Madagascar les Européens qui eussent été assez habiles pour en profiter. On sait que cette île, la plus grande de toutes celles du globe, a trois cent cinquante lieues de long sur cent dix dans sa plus grande largeur, et qu’elle est traversée dans toute son étendue par une chaîne de montagnes de douze à dix-huit cents toises d’élévation qui la divise en deux parties, dont celle située à l’est est un peu plus large que l’autre. Tous les dons que la nature verse à pleines mains sur les contrées intra-tropicales, se trouvent réunis sur cette terre vierge. Une fois qu’on a franchi la zone pestilentielle dont nous avons parlé, l’air est sain ; la terre, d’une fertilité surprenante, produit tous les fruits des régions équatoriales, et quelques-uns particuliers au pays. Le riz croît en abon-