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IMPRESSIONS DE VOYAGES.

comment les eaux, en charriant de la terre, avaient recouvert ces constructions antiques ; elles avaient donc complètement disparu, et étaient restées ignorées de tous, lorsqu’en creusant les fondations de sa maison, M. Perrier les retrouva.

Quatre marches d’un escalier antique, revêtues de marbre blanc, conduisent d’abord à une piscine octogone de vingt pieds de longueur, entourée de tous côtés de gradins sur lesquels s’asseyaient les baigneurs ; ces gradins et le fond de la piscine sont aussi revêtus de marbre. Sous chacun des gradins passent des conduits de chaleur, et derrière le plus élevé de ces gradins, on retrouve les bouches par lesquelles la vapeur se répandait dans l’appartement. Au fond de cette piscine était placé l’immense lavabo de marbre qui renfermait l’eau froide, dans laquelle les anciens se plongeaient immédiatement après avoir pris leurs bains de vapeurs. Le lavabo a été brisé en faisant la fouille, mais le détritus amené par les alluvions, et dont il avait été rempli, a conservé la forme exacte de la cuve qui l’embrassait et dans laquelle il s’était séché.

Au-dessous de la piscine est situé le réservoir qui contenait l’eau chaude dont la vapeur montait dans l’appartement situé au-dessus. Il devait en renfermer un immense volume, puisque la muraille du conduit qui y communique est rongée à la hauteur de sept pieds.

La partie supérieure de ce réservoir a seule été mise à découvert ; mais, en examinant les chapiteaux carrés des colonnes qui sortent de terre, et en procédant du connu à l’inconnu, d’après les règles architecturales, ces colonnes doivent s’enfoncer de neuf pieds dans le sol ; elles sont bâties en brique, et chaque brique porte le nom du fabricant qui les a fournies ; il s’appelait Glarianus.

En suivant le même chemin que devait suivre l’eau, on entre dans le corridor par lequel s’échappait la vapeur ; les bouches de chaleur qu’on aperçoit au plafond sont les mêmes dont on retrouve l’orifice opposé derrière le gradin le plus élevé de la piscine.

Au bout d’un autre corridor, on trouve une petite salle de bain particulière pour deux personnes ; elle a huit pieds de long sur quatre de large, et c’est la salle même qui forme la baignoire ; elle est partout revêtue de marbre blanc, et soutenue par des colonnes de briques entre les chapiteaux desquelles circulait l’eau thermale.