Le 2 juin 1829, j’ai été témoin d’une cérémonie non moins imposante, et d’un intérêt peut-être plus vif, quoique moins importante sous le rapport de l’art. Il est d’usage immémorial de réunir ce jour-là, dans la cathédrale de Saint-Paul, tous les enfans des écoles de charité et de leur faire chanter des prières en actions de grâces pour le bienfait qu’ils reçoivent d’une éducation libérale. En Angleterre, toutes ces choses se font avec un grandiose qui a pour objet d’élever l’âme, de rendre l’homme meilleur et de lui faire concevoir une haute idée de sa dignité ; aussi rien n’a été négligé pour donner à cette fête de pauvres toute la pompe nécessaire. Une enceinte circulaire immense, qui renferme toute la surface couverte par le dôme, et toute la partie de la nef qui s’étend jusqu’à la galerie de l’orgue, est construite en gradin, d’une hauteur prodigieuse, et divisée pour recevoir les diverses écoles des différens quartiers. Là, sept à huit mille enfans, dont l’air de santé et la propreté des vêtemens attestent les soins qui leur sont donnés ; là, dis-je, sept ou huit mille enfans viennent s’asseoir sans être dirigés et gourmandés par des pédagogues, et sans ressembler à des automates qui font l’exercice, comme cela se voit communément en France, dès qu’on fait mouvoir des masses. D’autres échafauds sont dressés dans la grande nef pour le peuple, et tous les intervalles sont remplis par une foule immense. Un seul directeur, placé dans le haut d’une galerie, suffit pour donner la mesure à tous les enfans. Au signal convenu, l’organiste, M. Attwood, donne le ton, et sept mille voix enfantines chantent à l’unisson le psaume 100e : all people that on earth do dwell. Il faut entendre l’effet d’un pareil unisson pour avoir une idée de sa puissance : l’orgue, tout majestueux qu’il est avec son harmonie, n’est que l’accessoire d’un pareil effet. On m’a dit qu’il n’était point d’usage, autrefois, d’accompagner les enfans avec l’orgue, mais qu’on avait jugé nécessaire d’employer cet accompagnement pour empêcher les voix de baisser. Quant à la justesse, elle est généralement satisfaisante : les enfans prennent promptement l’intonation qu’on leur donne ; mais, dès qu’ils l’ont prise, ils la gardent, et rien ne peut les en distraire. J’en ai eu une preuve sans réplique ; car le directeur leur ayant donné l’intonation d’un verset plus bas que le ton de l’orgue, ils gardèrent ce ton imperturbablement, quand l’accompagnement de cet instrument se fit en-