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seule personne à chaque partie. L’organiste accompagne avec des jeux de flûte, et fait les ritournelles avec le plain-jeu ou les jeux d’anches. Lorsque le chœur est plus nombreux, l’accompagnement se fait avec le plain-jeu. L’harmonie de tous ces morceaux est assez pure ; mais leur caractère est empreint d’une monotonie fatigante, qui est encore augmentée par les nombreuses répétitions des versets de chaque psaume. Ce qui m’a le plus étonné dans l’exécution de cette musique, c’est l’absence de toute mesure de la part de l’organiste et des chanteurs, bien que les morceaux soient écrits en musique mesurée. J’ignore si ce défaut a pour origine certaines difficultés de prononciation, mais je sais que rien n’est plus désagréable. Il est vraisemblable que quelque motif puissant contribue à maintenir l’usage de ce défaut de mesure, car je l’ai trouvé même à Westminster-Abbey, et M. Attwood, excellent musicien et bon organiste, n’a pu le bannir de la cathédrale de Saint-Paul.

Il est facile de comprendre que ce n’est point par de semblable musique d’église que la situation de l’art musical peut s’améliorer, en Angleterre. Quant aux églises catholiques qui sont en petit nombre, le plain-chant est la seule musique qu’on y connaisse. Il faut excepter toutefois la chapelle de l’ambassade de Bavière, où l’on exécute les ouvrages de quelques bons maîtres allemands et italiens ; mais les étrangers fréquentent seuls cette chapelle, et les exécutans sont presque toujours choisis parmi des musiciens allemands, français ou italiens ; en sorte que les Anglais ne tirent aucun avantage de ce bon modèle placé au milieu d’eux.

Un petit nombre de circonstances donnent lieu à introduire la musique sur de plus grandes proportions dans les églises de l’Angleterre. Ce sont des fêtes solennelles qui ne se rencontrent que deux ou trois fois dans l’année. J’ai assisté à l’une de ces fêtes, à la cathédrale de Saint-Paul : c’était l’anniversaire de l’institution de charité pour les fils du clergé. Cette institution est très ancienne, et depuis près de cent ans on exécute à la fête dont il s’agit un Te Deum et un Jubilate à grand orchestre, de Purcell, l’Alleluia et l’Antienne du couronnement, de Handel, ainsi qu’une grande Antienne de Boyce, qui commence par ces mots : Lord, thou hast been our refuge. La plus grande pompe règne à cette cérémonie religieuse, à laquelle assiste une assemblée très nombreuse. J’avoue que j’é-