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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

ment. Le surplus des places est laissé à la disposition des directeurs, pour être offert aux artistes étrangers de distinction qui se rendent momentanément à Londres. On ne peut que louer la politesse exquise avec laquelle cette faveur leur est accordée.

Dans la salle d’Argyll Room, l’orchestre était disposé en amphithéâtre, comme aux concerts du Conservatoire de Paris ; mais cet amphithéâtre était beaucoup plus rapide et plus rapproché de la verticale. Une galerie semi-circulaire contenait une partie des exécutans, qui se trouvaient placés presque au-dessus de la tête des autres. Une pareille disposition était essentiellement vicieuse en ce qu’elle ne permettait pas aux musiciens d’entendre ce qui se faisait au-dessus ou au-dessous d’eux. Quelques changemens ont été faits à cette disposition dans la nouvelle salle, mais on a conservé l’habitude de mettre le chef d’orchestre (leader) en face du public, au milieu des autres violons. Ainsi placé, le chef ne voit pas les exécutans, et ne peut les diriger de l’œil et du geste, comme le fait si bien M. Habeneck dans les concerts du Conservatoire de Paris ; aussi voit-on les violonistes qui dirigent les concerts philharmoniques, se borner à indiquer les mouvemens, et jouer de leur instrument pendant toute la séance, comme de simples symphonistes.

Il est une autre singularité que je dois signaler, et qui, sans doute, excitera l’étonnement des musiciens français ; elle consiste dans l’usage de placer toutes les basses en avant de l’orchestre, plus bas que les autres instrumens. Quoiqu’une semblable disposition paraisse contraire à tous les principes d’acoustique, je dois avouer que son effet est beaucoup moins désagréable qu’on pourrait le penser, et que la sonorité des violons ne m’en a point semblé altérée ; ce qui vient sans doute de ce que ceux-ci sont beaucoup plus élevés.

À la première audition d’une symphonie exécutée au concert philharmonique, on est frappé de l’ensemble et de l’énergie de l’orchestre, et l’on est obligé d’avouer que son effet passerait partout pour excellent. Mais lorsqu’on a entendu les concerts du Conservatoire de musique, on ne peut s’empêcher de faire des comparaisons entre les deux établissemens de Paris et de Londres, qui ne sont point à l’avantage du dernier. Le même ensemble, la même