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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

en est très pure. Je dois citer aussi les glees comiques de M. Blewitt, qui sont d’un effet très piquant. Tous ces morceaux étaient accueillis avec enthousiasme, salués par des toasts, et entremêlés de discours à la louange des artistes dont les ouvrages venaient d’être entendus. Après que l’assemblée eut donné carrière à son goût pour la musique nationale, neuf des meilleurs chanteurs de la société se rassemblèrent pour exécuter, en actions de grâces, le canon composé par William Bird, maître de chapelle de la reine Élisabeth, sur les paroles : Non nobis, Domine. Ce morceau, à trois parties, est écrit dans le caractère du style alla Palestrina, et, sauf quelques incorrections qui appartiennent au temps où Bird écrivait, est digne d’être rangé parmi les meilleures compositions scientifiques. Son exécution fut parfaite. Le reste de la soirée se passa en exercices de catches et d’airs de différens caractères : l’assemblée ne se sépara qu’à onze heures du soir.

Je sortis charmé de ce que je venais d’entendre ; car tout ce qui porte un caractère d’originalité est d’autant plus digne d’intéresser un musicien, que ce cachet s’efface chaque jour davantage, et que la fusion qui s’opère dans la musique de tous les pays, tend à faire disparaître toutes les nuances, de manière à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul genre.

Une institution plus originale encore est celle qui a pour objet la conservation de la musique des habitans du pays de Galles ; musique qui, ainsi que la langue primitive de cette singulière province, n’a aucun rapport avec la musique et la langue du reste de l’Angleterre. Mais, avant de parler de l’institution en elle-même, il est nécessaire que j’entre dans quelques détails sur l’origine de cette langue et de cette musique.

Les Welches ou Cambro-Bretons, qui, de temps immémorial, habitent le pays de Galles, surent mieux que les autres habitans de l’Angleterre proprement dite se défendre contre les invasions de tous les peuples qui conquirent ce royaume, et ne se mêlèrent ni aux Saxons, ni aux Normands, ni aux Danois ; de là la conservation pure de leur langue primitive, de leurs usages et de leurs arts. Ces Welches, ou Walches, ou Galles, passent pour être les descendans des Celtes, qui ont tant et si inutilement occupé les savans des dix-septième et dix-huitième siècles, et dont on a cru