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MÉLANGES.

L’absorption et la destruction continuelle de l’acide carbonique par les végétaux rendaient l’air de plus en plus semblable en composition à ce qu’il est maintenant, l’eau en même temps devenait de moins en moins acide. Cependant l’atmosphère n’était pas encore propre à entretenir la vie des animaux qui respirent l’air directement, et ce fut dans l’eau qu’apparurent d’abord les premiers êtres appartenant à ce règne, des radiaires et des mollusques.

La première population des mers fut uniquement composée d’invertébrés, puis vinrent les poissons, et plus tard les reptiles marins, tels que les énormes plésiosaures, et même, d’après le récit de Moïse, des oiseaux qui devaient surtout être des oiseaux aquatiques, puisqu’à cette époque, le rapport des parties découvertes aux parties submergées du globe était bien moindre qu’à présent.

De ces grands reptiles qui ont successivement habité les eaux de la mer, une seule race, dit M. Ampère, mais une race bien dégénérée, sous le rapport des dimensions, subsiste encore aujourd’hui : c’est la tortue.

Après l’époque des poissons, après celle des reptiles et des oiseaux, vinrent les mammifères, et enfin, l’atmosphère s’étant suffisamment épurée, la terre étant capable d’entretenir une plus noble génération, apparut l’homme, le chef-d’œuvre de la création.

Cet ordre d’apparition des êtres organisés, remarque M. Ampère, est précisément l’ordre de l’œuvre des six jours, tel que nous le donne la Genèse. Depuis l’apparition de l’homme, ajoute-t-il, la seule catastrophe qu’ait éprouvée le globe est celle qui correspond au déluge ; peut-être est-ce à elle qu’est dû le soulèvement des chaînes de l’Himalaya et des Andes. Maintenant la croûte d’oxide qui nous sépare du noyau non oxidé est si épaisse, que les bouleversemens sont devenus très rares ; sa résistance est même telle, que, quand une fissure a lieu en quelque point, l’explosion se fait isolément, et ses effets ne s’étendent point à toute la terre ; ainsi, quoique le choc se propage parfois à une grande étendue, le brisement de l’enveloppe solide ou la déjection des matières liquéfiées se fait en un espace très limité. Parmi ces catastrophes de second ordre, la plus remarquable par son étendue est celle qui, à Jorullo, au Mexique, s’observa le 29 septembre 1759, où, entre autres accidens, on vit, dans une savanne située au pied du volcan, une étendue de quatre mille carrés se soulever en vessie, et se hérisser de plusieurs milliers de petits cônes basaltiques, de fumaroles qui exhalaient une vapeur épaisse.

Cette hypothèse d’un noyau non oxidé, déjà présentée par Davy comme la seule admissible, explique très bien les volcans, sans qu’on ait besoin de supposer que la terre ait en elle une chaleur énorme qui serait due à