Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
MÉLANGES.

de crevasses et d’élévations, comparables aux grandes vallées et aux chaînes de montagnes dont la terre est sillonnée. Au surplus, ajoute M. Ampère, il reste un grand monument des bouleversemens qu’a produits sur le globe la décomposition des corps oxigénés par les métaux dans l’énorme quantité d’azote qui forme la plus grande partie de notre atmosphère. Il est peu naturel de supposer que cet azote n’ait pas été primitivement combiné ; probablement il l’était avec de l’oxigène sous la forme d’acide nitreux ou nitrique. Pour cela, il lui aurait fallu, comme on le sait, huit à dix fois plus d’oxigène qu’il n’en reste dans l’atmosphère. Où sera passé cet oxigène ? Suivant toute apparence, il aura servi à l’oxidation de substances autrefois métalliques et aujourd’hui converties en silice, en alumine, en chaux, en oxides de fer, de manganèse, etc. Quant à l’oxigène qui existe dans l’atmosphère, ce n’est qu’un reste de celui qui ne s’est pas combiné avec des corps combustibles joint à celui qui a été expulsé des combinaisons dans lesquelles il entrait par du chlore ou d’autres corps analogues.

Dans les premiers momens de ce dépôt d’acide nitrique, à mesure que l’acide arrivait sur les métaux non oxidés, la combinaison se produisait, et bientôt il y eut une croûte complètement oxidée. Cette combinaison ne se passa pas, comme on peut le croire, sans qu’il y eût dégagement d’une énorme quantité de chaleur qui volatilisa de nouveau les portions de liquide qui continuaient à arriver, et maintint à l’état élastique celles qui allaient se liquéfier. Mais le refroidissement s’opérant avec le temps, la précipitation recommença, et le noyau solide fut bientôt entouré d’un vaste océan acide. Pendant quelque temps, la croûte oxidée dut protéger contre l’action de cet acide les parties non encore oxidées qu’elle recouvrait ; mais la mer acide, croissant chaque jour, augmentant incessamment sa pression, se faisait chemin à travers les fissures, et de là dut résulter une oxidation d’abord sourde, puis violente, et qui bientôt fit voler la croûte en éclats. De là, comme nous l’avons déjà dit, précipitation du liquide acide, nouvelle formation d’oxides bouillans comme la lave ; puis, par l’effet de la chaleur dégagée dans la combinaison, nouvelle vaporisation du reste de l’acide.

On a déjà dit qu’à mesure que ces événemens se répétaient, la couche d’oxide croissant, l’infiltration était plus difficile, les cataclysmes devenaient plus rares, mais en même temps ils étaient plus violens.

Cependant la terre se hérissait de plus en plus de montagnes formées des éclats de la croûte soulevée et inclinées dans toutes les directions. Il arriva enfin qu’après un refroidissement nouveau, une nouvelle mer s’étant formée, elle ne recouvrit plus toute la surface du noyau solide ; quel-