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MÉLANGES.

même il suffirait de trouver dans le ciel des nébuleuses qui représentassent les différentes époques de la formation d’un monde, pour en déduire les différens états successifs par lesquels chacun d’eux a passé ou passera. »

Conformément à ce point de vue, Herschell considère chaque nébuleuse comme le germe, comme l’espoir d’un système de mondes futurs analogue au système complet de notre soleil et de nos étoiles ; car, suivant lui, toutes les étoiles, en y comprenant la multitude innombrable de celles qu’on voit dans la voie lactée, ne forment qu’une nébuleuse, parvenue à un point où toute la matière gazeuse s’est déjà concentrée en noyaux solides. Tous ces noyaux constituent un ensemble comparable pour la forme à une meule de moulin dont l’épaisseur, quoique immense, serait encore très petite relativement à son diamètre. Dès-lors, en nous concevant placés dans un point quelconque de l’épaisseur de cette meule, lorsque nous tournons les yeux vers une de ses faces, nous ne pouvons apercevoir dans cette direction qu’un certain nombre des étoiles comprises dans l’épaisseur, tandis qu’en plongeant nos regards dans le sens du diamètre, nous voyons comme une suite infinie d’étoiles les unes derrière les autres, paraissant d’autant plus petites qu’elles sont plus éloignées, et formant par leur réunion l’apparence de la voie lactée.

L’hypothèse d’Herschell, remarque M. Ampère, n’a rien que de très conciliable avec le texte de la Genèse : terra autem erat inanis et vacua ; le sens que les anciens donnaient au mot inanis, entraînant surtout l’absence de matière palpable, peut s’appliquer à l’état gazeux d’un corps. Au reste, ajoute le professeur, on verra bientôt se multiplier tellement les rapports entre le récit et notre théorie, qu’il en faudra conclure, ou que Moïse avait dans les sciences une instruction aussi profonde que celle de notre siècle, ou qu’il était inspiré.

Si l’on admet que les choses se soient en effet passées comme le suppose Herschell, c’est-à-dire que tous les corps, soit simples, soit composés, qui ont concouru à la formation de notre système planétaire et de la terre en particulier, ont d’abord été à l’état gazeux, il faut admettre nécessairement que leur température, à cette époque, était plus élevée que celle à laquelle celui de tous ces corps qui est le moins volatil resterait à l’état liquide. Sans nous inquiéter de savoir quel est ce corps, nous désignerons par la lettre A la température à laquelle il cesse de subsister à l’état de fluide élastique.

Pour qu’il y ait formation de corps liquides ou solides aux dépens de cette immense masse gazeuse, il faudra supposer qu’il s’y opère un refroidissement, et le premier dépôt ne pourra arriver que quand la température sera descendue au point A. Ce dépôt ne se continuera qu’en vertu