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MÉLANGES


DE SCIENCES ET D’HISTOIRE NATURELLE.

THÉORIE DE LA TERRE,


D’APRÈS M. AMPÈRE.


Notre globe porte à sa surface des traces si évidentes de violens changemens, que les hommes, même dans l’état le moins avancé de la société, en ont été frappés et ont souhaité en connaître la cause ; de sorte qu’il n’est presque aucune mythologie, où l’on ne trouve la preuve de ces premiers efforts de l’esprit humain, pour arriver à l’interprétation des faits géologiques. Souvent, à la vérité, l’explication ne porte que sur un fait local, et suppose seulement une agence analogue par sa nature à celle de l’homme, quoique plus puissante dans ses effets : c’est un héros, par exemple, qui, par la force de son bras, sépare deux montagnes ; un demi-dieu, qui, d’un coup de son glaive, ouvre une gorge dans une cordillère. Quelque puérile, quelque extravagante même que soit une explication, l’homme s’en contente, plutôt que de rester dans le doute.

Cependant, à mesure que la société marche, que les idées s’étendent, cette tendance à l’anthropomorphisme diminue. Ce ne sont plus les poètes, les conteurs, qui se chargent d’interpréter la nature, mais les philosophes ;