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ÉCONOMIE POLITIQUE.

sur les misères de la population des fabriques, les dérèglemens d’une concurrence illimitée, l’inégalité des conditions sociales et les moyens de mieux répartir le poids des impôts. Nous nous écarterions de notre sujet, si nous disions pourquoi le saint-simonisme voulut tourner contre la grande propriété, les traditions chrétiennes dont elle se faisait une arme contre-révolutionnaire, et par quel étrange amalgame de sentimens, on revenait à l’impôt progressif à travers les révélations successives de Moïse, de Jésus, ou de monsieur un tel. Dans le cours de nos recherches, nous examinerons les progressions proposées par cette école, la seule qui ait développé quelques vues sur cette question, quoiqu’elle y vît seulement, comme les niveleurs de prairial, un expédient transitoire.

Si la révolution de juillet a redoublé momentanément les maux de la population ouvrière, elle a ravivé en elle le sentiment de sa puissance, l’espoir de s’élever en bien-être comme en dignité. C’était plus qu’il n’en fallait pour encourager ceux qui tentent de rejeter sur les riches les charges accablantes de la non-propriété. Plusieurs journaux à Paris et dans les départemens, des sociétés politiques se sont formées pour réclamer un grand nombre de réformes radicales en matière d’impôts. Les contributions progressives en font assez ordinairement partie.

Peut-être l’agitation des temps que nous venons de traverser a-t-elle entraîné de bons esprits à s’accommoder trop vite de quelques formules saint-simoniennes, qu’il serait difficile de détacher d’une parodie théocratique, pour en faire la base d’une doctrine républicaine.

Le principe de la souveraineté du peuple motive la confiance, mais exclut la foi dans ceux qui gouvernent. C’est pourquoi il y a certains pouvoirs sur la propriété qui ne nous paraîtraient pas mieux placés entre les mains d’une dictature populaire, qu’au service d’une théocratie.

Concluons de ce qui précède, que l’idée d’une application générale d’impôts progressifs, débattue depuis 93 seulement, dans des circonstances dissemblables, n’a jamais été éprouvée par l’expérience d’aucun peuple. Ajoutons que des partis également très différens les uns des autres et des sectes fort différentes de ces partis