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Vaudeville, si prolifique, si envahissant d’ordinaire, n’a presque pas fait parler de lui. Il en est de même des autres théâtres. Nous en sommes réduits à des espérances plus ou moins prochaines pour l’avenir. L’Opéra nous promet pour le mois de juillet Ali Baba, ouvrage dont la partition est de M. Chérubini, et révèle, au dire des connaisseurs, un nouveau faire dans le talent de ce grand compositeur. L’hiver prochain, l’Opéra ouvrira la saison par le Don Juan de Mozart, adapté à la scène francaise. Le libretto est l’ouvrage d’un jeune homme de talent et d’avenir qui a lutté, dit-on, avec bonheur contre les difficultés d’une traduction de ce genre. Les principaux rôles seront remplis par Adolphe Nourrit, Levasseur, Mesdames Cinti et Falcon. La mise en scène surpassera, s’il est possible, les magnificences de Gustave.

De son côté, M. Victor Hugo, met la dernière main à un nouveau drame, destiné au théâtre de la Porte-Saint-Martin.

M. Alexandre Dumas, au contraire, vient de mettre sous presse un travail historique, qui servira de prolégomènes à ses Chroniques de France. Avant de commencer cette longue carrière si fertile en émotions dramatiques, il a voulu présenter sous une forme concise la marche de l’esprit humain dans la triple direction de la religion, de la philosophie et de l’art, depuis les temps les plus reculés jusqu’à notre époque inclusivement.

L’espèce de curiosité maladive et puérile qui s’attache aux moindres actions des hommes célèbres, dernier et souvent maladroit hommage que leur rend le monde quand ils ne sont plus, continue de poursuivre Byron. Ce que les gens à album, les touristes, les chercheurs de menus détails ont déjà publié sur sa personne, formerait de nombreux volumes qui, tous, ont été lus avec avidité par le public. L’ouvrage que vient de donner lady Blessington, sous le titre de Conversations de Byron[1], n’obtient pas un moindre succès ; mais, comme ceux qui l’ont précédé, il ne contribuera pas à faire aimer celui qui en est le héros. Pour ma part, je sais peu de gré aux révélateurs indiscrets qui viennent m’enlever mes illusions sur un grand nom. Je fais toutefois une distinction. Lorsque le poète, en se révélant au monde, ne substitue pas au nom qu’il a reçu du hasard, un autre nom plus glorieux que lui décerne l’opinion publique, lorsqu’en lui l’écrivain et l’homme privé se laissent séparer sans peine, libre à vous de nous initier aux petites passions et aux faiblesses du dernier ; mais quand le poète s’est fait type, quand il n’apparaît à la pensée que sous une forme par lui conquise dans les domaines de la fantaisie ; quand, en un mot, il

  1. Chez Fournier, rue de Seine, 14.