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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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Le procès qui nous avait été intenté, est enfin terminé. Le beau talent de M. Odilon-Barrot, qui s’était empressé d’offrir son secours à la Revue des deux mondes, n’a pas eu à se déployer devant l’auditoire d’un tribunal de police correctionelle. Quelques paroles de sa bouche ont suffi pour éclairer cette cause, si claire pour tout le monde, si tout le monde voulait voir. La Revue des deux mondes était accusée d’avoir dépassé le cercle de ses attributions pour avoir parlé quelquefois, dans ses chroniques de la quinzaine, des travaux littéraires de M. Guizot, des dîners ministériels, et de la direction que les doctrinaires voudraient donner aux lettres et aux beaux-arts. Nous avions beau alléguer que la Revue de Paris, journal tout littéraire, avait publié, pendant plus d’une année, une chronique politique, rédigée par M. et madame Guizot, dire que vingt feuilles de ce genre parlent chaque jour à Paris des séances des chambres et des affaires publiques, sans avoir demandé à la caisse des dépôts et consignations, après un paiement préalable de quelques mille francs, le droit de censurer les gouvernemens de l’Europe ; c’était à la Revue des deux mondes, venue la dernière dans cette lice, qu’on en voulait. Elle seule devait servir d’exemple. On nous reprochait sans cesse cette innocente chronique, où nous touchons si légèrement les évènemens de la quinzaine, et on trouvait que ce n’était que par la prison et l’amende qu’une telle audace pouvait être réprimée. Personne ne nous parlait, il est vrai, des Lettres sur les hommes d’état de la France, interrompues par tous ces débats,