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MÉLANGES.

convaincante, que la poule, dans un âge avancé, a une tendance manifeste à prendre le plumage et tout l’extérieur du coq. Parmi les faits qu’il apporte en preuve, nous citerons le suivant.

Un habitant de Compton près de Plymouth, M. Corham, a possédé long-temps une excellente race de coqs de combat, dont les mâles étaient d’un beau rouge foncé, et les femelles d’un brun obscur. Une de ces poules, dont les fils s’étaient fait dans le cockpit[1] une réputation prodigieuse, fut conservée avec un soin tout particulier, et parvint ainsi à un âge avancé. Cependant, quand elle eut atteint quinze années, on remarqua, après la mue, qu’elle avait pris à la queue quelques plumes arquées semblables à celles des coqs de sa race, tandis que les autres plumes étaient restées brunes et droites. Dans la mue suivante, elle perdit tout le brun qu’elle avait dans son plumage, prit entièrement la belle robe rouge des mâles de sa famille, de sorte qu’il eût été impossible à toute personne non prévenue de ne pas la prendre pour un coq. La transformation dans une seule saison fut complète, car il lui poussa en même temps des éperons aux jambes, et une crête et des babines comme aux mâles. Depuis cette métamorphose, elle ne pondit plus jamais. Elle ne jouit pas d’ailleurs long-temps de sa nouvelle et brillante parure ; elle mourut avant la fin de l’année.

M. Butter a vu plus tard la même métamorphose s’opérer sur des individus qu’il avait élevés lui-même. Deux poules de race commune et excellentes pondeuses, qu’il avait pour cette raison conservées fort long-temps, furent mises en expérience, et prirent toutes les deux le plumage des mâles, l’une à l’âge de treize et l’autre à celui de quinze ans. « Lorsque cette métamorphose s’opéra, j’étais, dit-il, resté cinq mois sans aller à Bowden où je les faisais garder. Quand j’entrai dans le lieu où elles étaient, je demandai à la fille de basse-cour d’où venaient les deux jeunes coqs que je voyais devant moi, et je ne fus pas peu surpris, tout prévenu que j’eusse dû être, d’apprendre que c’étaient mes vieilles poules qui avaient pris aussi le plumage et le chant des mâles. »

Ce n’est pas chez les poules seulement qu’on voit survenir l’étrange métamorphose dont nous venons de citer des exemples ;

  1. Lieu où l’on fait battre les coqs.