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REVUE DES DEUX MONDES.
MATHURIN, le tirant à part.

Dois-je vous dire tout, maître ?

ANDRÉ.

Oui, oui.

MATHURIN.

J’ai rôdé autour de la maison, comme vous me l’aviez ordonné.

ANDRÉ.

Eh bien ?

MATHURIN.

J’ai fait parler le vieux concierge, et je sais tout au mieux.

ANDRÉ.

Parle donc.

MATHURIN.

Cordiani est guéri ; la blessure était peu de chose. Au premier coup de lancette il s’est trouvé soulagé.

ANDRÉ.

Et Lucrèce ?

MATHURIN.

Partie avec lui.

ANDRÉ.

Qui, lui ?

MATHURIN.

Cordiani.

ANDRÉ.

Tu es fou. Un homme que j’ai vu prêt à rendre l’âme, il y a… c’est cette nuit même.

MATHURIN.

Il a voulu partir dès qu’il s’est senti la force de marcher. Il disait qu’un soldat en ferait autant à sa place, et qu’il fallait être mort ou vivant.

ANDRÉ.

Cela est incroyable ! Où vont-ils ?

MATHURIN.

Ils ont pris la route du Piémont.

ANDRÉ.

Tous deux à cheval ?

MATHURIN.

Oui, monsieur.

ANDRÉ.

Cela n’est pas possible ; il ne pouvait marcher cette nuit.