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QUITTE POUR LA PEUR.

venir. Il aide ce qu’il ne peut empêcher, pour adoucir la pente ; mais il la voit rapide et sans fond, car il pense et parle en législateur quand il est avec ses amis. Mais l’action l’intimide. Au sortir de l’entretien, il m’a donné ma part dans les événemens présens et à venir.

Voilà ma matinée. — Elle est sérieuse, comme vous voyez, et maintenant en vérité, m’occuper d’une affaire de… de quoi dirai-je ? de ménage ?… Oh ! non ! — Quelque chose de moins que cela encore… Une affaire de boudoir… et d’un boudoir que je n’ai jamais vu… en bonne vérité, vous le sentez, cela ne m’est guère possible. Un sourire de pitié est vraiment tout ce que cela me peut arracher. Je suis si étranger à cette jeune femme, moi, que je n’ai pas le droit de la colère, mais elle porte mon nom, et quant à ce qu’il y a dans ce petit événement, qui pourrait blesser l’amour-propre de l’un ou l’intérêt de l’autre, fiez-vous-en à moi pour ne tirer d’elle qu’une vengeance de bonne compagnie. Pauvre petite femme, elle doit avoir une peur d’enfer ! (Il rit et prend son épée.) Venez-vous avec moi voir la marquise au Petit-Trianon ? Je l’ai trouvée assez pâle ce matin, elle m’inquiète. (Il sonne.)

À ses gens.

Ce soir à onze heures, on me tiendra un carrosse prêt pour aller à Paris.

Passez, mon cher Tronchin.

TRONCHIN (à part.)

Je n’ai plus qu’à les laisser faire à présent. (Ils sortent.)



Scène IX.


À Paris. La chambre à coucher de la duchesse.


LA DUCHESSE, ROSETTE.
LA DUCHESSE, seule.
(Elle est à sa toilette, en peignoir, prête à se coucher, ses cheveux à demi dépoudrés répandus sur son sein, comme ceux d’une Madeleine, en longs flots, nommés repentirs.)

Quelle heure est-il ?