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REVUE DES DEUX MONDES.

LA DUCHESSE (vivement.)

C’est-à-dire qu’il a voulu m’en vouloir, mais qu’il n’a pas pu.

ROSETTE.

Il vient d’envoyer deux bouquets par son coureur.

LA DUCHESSE.

Et il n’est pas venu lui-même ! Ah ! c’est joli. Moi, je vais sortir à cheval.

ROSETTE.

M. Tronchin a défendu le cheval à madame.

LA DUCHESSE.

Mais je suis malade, j’en ai besoin.

ROSETTE.

C’est parce que madame la duchesse est malade, qu’il ne le faut pas.

LA DUCHESSE.

Alors je vais écrire au chevalier pour le gronder.

ROSETTE.

M. Tronchin a défendu à madame de s’appliquer et de tenir sa tête baissée.

LA DUCHESSE.

Eh bien ! je vais chanter, ouvrez le clavecin, mademoiselle.

ROSETTE.

Mon Dieu ! comment dirai-je à madame que M. Tronchin lui a défendu de chanter ?

LA DUCHESSE (tapant du pied).

Il faut donc que je me recouche, puisque je ne puis rien faire. — Je vais lire. Non, fais-moi la lecture. — Je vais me coucher sur le sopha, la tête me tourne, et j’étouffe. Je ne sais pourquoi…

ROSETTE (prenant un livre).

Voici Estelle de M. de Florian et les Oraisons célèbres de M. de Bossuet.

LA DUCHESSE.

Lis ce que tu voudras, va.

ROSETTE (lit).

« Némorin, à chaque aurore, allait cueillir les bluets qu’Es-