Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/507

Cette page a été validée par deux contributeurs.
501
LES LOIS ET LES MŒURS.

pondérance et l’émancipation de l’esprit guerrier. Ce peuple, surtout militaire, ne paraît jamais avoir porté le joug de ses mages comme les Indiens celui de leurs brahmes. D’après cela, je ne pense pas qu’il ait reçu de sa religion cette idée de pureté, fondement de sa morale et de ses mœurs ; je crois plutôt qu’il l’a puisée dans son génie austère et belliqueux.

Zoroastre s’empara de cette idée, il en tira les préceptes qui en paraissaient le plus éloignés. Ainsi voulait-il favoriser l’agriculture ? Dans ce but, il ordonnait de cultiver la terre pour la purifier, pour la soustraire au mauvais principe et la mettre sous l’empire du principe bienfaisant. Plusieurs de ses lois eussent révolté son temps, si elles n’eussent été préparées par les mœurs. Que dis-je ? elles l’eussent révolté lui-même. Si par exemple le pouvoir de cette idée de pureté n’avait pas été si grand sur toutes les âmes, si elle n’eût pas inspiré un respect superstitieux pour le feu, son image et son symbole, le caractère humain de ce législateur qui défend, sous des peines sévères en ce monde et dans l’autre, de battre une chienne qui a des petits, ne lui aurait pas dicté cette sentence barbare : Celui dont la bouche a soufflé sur le feu est digne de mort.

Du reste, Zoroastre s’est donné constamment non pour un créateur comme Moïse, mais pour un rénovateur de la tradition antique, un réformateur de la tradition corrompue ; il veut reconstituer dans sa pureté l’ancienne société persane, l’empire de Djemschid. Sa législation est une restauration des mœurs primitives.

Il est donc permis de croire, d’après cela, que les mœurs eurent en Perse, comme ailleurs, une puissante influence sur la loi religieuse qui en exerça sur elles une si grande à son tour.

LA CHINE.

Reste un pays à part, presque aussi étranger par sa constitution à l’Orient qu’à l’Occident : c’est la Chine où il n’existe ni castes religieuses ni noblesse militaire, mais un despote, de la police et de l’administration, où la libre concurrence du savoir ouverte à tous est la base de la hiérarchie sociale, où enfin les disciples de Confucius gouvernent sous un roi tartare une population bouddhiste.

Cet empire dont la population égale presque celle de l’Europe existe depuis plus de quatre mille ans. Certes il a été le théâtre de bien des changemens que nous connaissons mal encore. Les diverses parties qui le composent se sont à plus d’une reprise séparées et réunies. Il a été régi par