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LES CAPRICES DE MARIANNE.

CLAUDIO.

Cherchez dans ce jardin, si bon vous semble ; je n’y ai vu entrer personne ; et si quelqu’un l’a voulu faire, il me semble que j’avais le droit de ne pas lui ouvrir.

OCTAVE à ses gens.

Venez, et cherchez partout.

CLAUDIO, bas à Tibia.

Tout est-il fini, comme je l’ai ordonné ?

TIBIA.

Oui, monsieur ; soyez en repos, ils peuvent chercher tant qu’ils voudront.

(Tous sortent.)


Scène VI.


Un cimetière.


OCTAVE et MARIANNE, auprès d’un tombeau.
OCTAVE.

Moi seul au monde je l’ai connu. Cette urne d’albâtre, couverte de ce long voile de deuil, est sa parfaite image. C’est ainsi qu’une douce mélancolie voilait les perfections de cette âme tendre et délicate. Pour moi seul, cette vie silencieuse n’a point été un mystère. Les longues soirées que nous avons passées ensemble sont comme de fraîches oasis dans un désert aride ; elles ont versé sur mon cœur les seules gouttes de rosée qui y soient jamais tombées. Cœlio était la bonne partie de moi-même ; elle est remontée au ciel avec lui. C’était un homme d’un autre temps ; il connaissait les plaisirs, et leur préférait la solitude ; il savait combien les illusions sont trompeuses, et il préférait ses illusions à la réalité. Elle eût été heureuse, la femme qui l’eût aimé.

MARIANNE.

Ne serait-elle point heureuse, Octave, la femme qui t’aimerait ?

OCTAVE.

Je ne sais point aimer ; Cœlio seul le savait. La cendre que ren-