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ANDRÉ DEL SARTO.
DAMIEN.

Suivez Lionel, André, empêchez-le de voir Cordiani.

ANDRÉ.

Cordiani ? Cordiani ? Mon déshonneur est-il si public, si bien connu de tout ce qui m’entoure, que je n’aie qu’un mot à dire, pour qu’on me réponde par celui-là ? Cordiani ! Cordiani !… (criant) sors donc, misérable, puisque voilà Damien qui t’appelle !

Lionel rentre avec Cordiani.
ANDRÉ, à tout le monde.

Je vous ai fait sortir tantôt. À présent je vous prie de rester. Emportez cette femme, messieurs, cet homme est l’assassin de Grémio. (On emporte Lucrèce.) C’est pour entrer chez ma femme qu’il l’a tué. Un cheval !…. dans quelque état qu’elle se trouve, vous, Damien, vous la conduirez à sa mère… ce soir, à l’instant même. Maintenant, Lionel, tu vas me servir de témoin. Cordiani prendra celui qu’il voudra ; car tu vois ce qui se passe, mon ami ?

LIONEL.

Mes épées sont dans ma chambre. Nous allons les prendre en passant.

ANDRÉ, à Cordiani.

Ah ! vous voulez que le déshonneur soit public ! il le sera, monsieur, il le sera. Mais la réparation va l’être de même, et malheur à celui qui la rend nécessaire ! (Ils sortent.)


Scène III.


Une plate-forme, à l’extrémité du jardin. — Un réverbère est allumé.


MATHURIN, seul.

Où peut être allé ce jeune homme ? Il me dit de l’attendre, et voilà bientôt une demi-heure qu’il m’a quitté. Comme il tremblait en approchant de la maison ! Ah ! s’il fallait croire ce qu’on en dit !

JEAN, passant.

Eh bien ! Mathurin, que fais-tu là à cette heure ?

MATHURIN.

J’attends le seigneur Cordiani.

JEAN.

Tu ne viens pas à l’enterrement de ce pauvre Grémio ? on va partir tout-à-l’heure.