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REVUE DES DEUX MONDES.

CLAUDIO.

Je n’en sais rien. — On donne à un juge de paix le tiers de ce que vaut ma charge. Les conseillers de justice ont moitié.

TIBIA.

Si j’étais juge en cour royale, et que ma femme eût des amans, je les condamnerais moi-même.

CLAUDIO.

À combien d’années de galère ?

TIBIA.

À la peine de mort. Un arrêt de mort est une chose superbe à lire à haute voix.

CLAUDIO.

Ce n’est pas le juge qui le lit, c’est le greffier.

TIBIA.

Le greffier de votre tribunal a une jolie femme.

CLAUDIO.

Non, — c’est le président qui a une jolie femme ; j’ai soupé hier avec eux.

TIBIA.

Le greffier aussi ! Le spadassin qui va venir ce soir est l’amant de la femme du greffier.

CLAUDIO.

Quel spadassin ?

TIBIA.

Celui que vous avez demandé.

CLAUDIO.

Il est inutile qu’il vienne après ce que je t’ai dit tout-à-l’heure.

TIBIA.

À quel sujet ?

CLAUDIO.

Au sujet de ma femme.

TIBIA.

La voici qui vient elle-même.

(Entre Marianne.)
MARIANNE.

Savez-vous ce qui m’arrive pendant que vous courez les champs ? J’ai reçu la visite de votre cousin.