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REVUE DES DEUX MONDES.

retour ! Mollement couché dans une barque, il s’éloigne peu à peu de la rive ; il aperçoit au loin des plaines enchantées, de vertes prairies et le mirage léger de son Eldorado. Les vents l’entraînent en silence, et quand la réalité le réveille, il est aussi loin du but où il aspire que du rivage qu’il a quitté ; il ne peut plus ni poursuivre sa route, ni revenir sur ses pas.

(On entend un bruit d’instrumens.)

Quelle est cette mascarade ? N’est-ce pas Octave que j’aperçois ?

(Entre Octave.)
OCTAVE.

Comment se porte, mon bon monsieur, cette gracieuse mélancolie ?

CŒLIO.

Octave ! ô fou que tu es ! tu as un pied de rouge sur les joues ! D’où te vient cet accoutrement ? N’as-tu pas de honte en plein jour ?

OCTAVE.

Ô Cœlio ! fou que tu es ! tu as un pied de blanc sur les joues ! — D’où te vient ce large habit noir ? N’as-tu pas de honte en plein carnaval ?

CŒLIO.

Quelle vie que la tienne ! ou tu es gris, ou je le suis moi-même.

OCTAVE.

Ou tu es amoureux, ou je le suis moi-même.

CŒLIO.

Plus que jamais de la belle Marianne.

OCTAVE.

Plus que jamais de vin de Chypre.

CŒLIO.

J’allais chez toi quand je t’ai rencontré.

OCTAVE.

Et moi aussi j’allais chez moi. Comment se porte ma maison ? il y a huit jours que je ne l’ai vue.

CŒLIO.

J’ai un service à te demander.

OCTAVE.

Parle, Cœlio, mon cher enfant. Veux-tu de l’argent ? je n’en ai