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ÉCONOMIE POLITIQUE.

lembert un brillant réquisitoire au nom des souvenirs profanés de la patrie et de l’art blessé dans sa foi.

C’est assurément un livre nouveau qu’un traité orthodoxe d’économie politique, où l’on voit à côté d’un chapitre sur la sainte vierge, considérée comme type de la femme chrétienne, une dissertation sur le crédit public ou les salaires. Jusqu’à présent, les penseurs qui se sont occupés de cette science ont jugé le catholicisme hostile ou au moins étranger, soit au développement, soit à la meilleure distribution des richesses. Les saint-simoniens, avec la prétention d’absorber toutes les traditions humaines au profit d’une théocratie improvisée, avaient bien amalgamé des systèmes d’économie politique, de théologie, de métaphysique et d’histoire ; cependant à leurs yeux, le catholicisme, n’ayant accompli sa mission que dans l’ordre spirituel, laissait au nouveau sacerdoce panthéiste le soin de réhabiliter la chair, les biens temporels, l’industrie.

M. de Coux lui-même a cru, pendant un long séjour en Angleterre et aux États-Unis, que la religion dont il proclame aujourd’hui la mission industrielle, était contraire à la science, ainsi qu’à l’accumulation des richesses. Mais « depuis 1810, avec la prospérité des Îles Britanniques, qui l’avait d’abord ébloui, ses premières illusions se sont dissipées. Il s’est demandé pourquoi cette surabondance de population qui fait le désespoir des peuples protestans ou incrédules avait été inconnue de nos aïeux. Pendant huit siècles de foi, la naissance d’un fils n’avait encore été une calamité pour personne. Ce fait, dit M. de Coux, suffirait pour justifier le catholicisme ; car il a régné en maître dans cette longue période, et par conséquent c’est à lui qu’il faut attribuer l’honneur d’une pareille différence. Dès ce moment, j’entrai dans un nouvel ordre d’idées, et je reconnus que le catholicisme renferme dans ses conséquences pratiques le plus admirable système d’économie sociale qui ait jamais été donné à la terre. Un seul des caractères du vrai m’avait paru lui manquer, l’utile, et maintenant pour moi, l’utile, même dans ce qu’il a de plus matériel, c’est la religion. »

Nous observerons en passant qu’antérieurement à l’église romaine, beaucoup de peuples, de religions diverses, ont également vécu sans souffrir de la surabondance de leur population, et qu’aujourd’hui cet avantage existe encore dans d’immenses contrées chrétiennes ou non chrétiennes, ce qui prouverait que M. de Coux se trompe en l’attribuant à sa croyance. Il est plus simple d’en voir la raison dans les phénomènes naturels, les circonstances industrielles et politiques de chaque territoire.