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HISTOIRE DES ANCIENS PEUPLES ITALIENS.

chose d’arbitraire, ou tout au moins d’indémontrable, qui semble peu compatible avec le caractère propre de l’histoire, tel qu’auparavant on se le représentait. Cet inconvénient très réel, et dont les imitateurs de Niebuhr ne sauraient se garder avec trop de soin, ne détruit cependant pas les nombreux avantages qu’offre le mode d’investigation philosophique dont il est une conséquence inévitable. On conçoit néanmoins que plusieurs, moins frappés de ceux-ci qu’effrayés de celui-là, aient cru plus sage de s’abstenir d’entrer dans cette route nouvelle. De là deux écoles historiques, l’une qu’on peut appeler instinctive et l’autre positive, ou ne s’appuyant que sur des témoignages écrits. L’auteur de l’ouvrage que nous annonçons appartient à cette dernière. Aspirant à des résultats rigoureusement incontestables, il écarte inexorablement ce qui ne serait que deviné, sans être susceptible de preuve directe : non qu’il réprouve, tout au contraire, un usage franc de la pensée, un examen sévère et indépendant des opinions les plus accréditées, mais restreint toutefois dans les bornes de la critique purement historique, suivant l’ancienne acception du mot. Ce cercle ne laisse pas d’être encore assez vaste. On se rappelle en effet qu’il y a vingt-deux ans, M. Micali, dans son livre intitulé : L’Italie avant les Romains, appela le premier l’attention des savans sur l’histoire de cette époque antique, et, par la hardiesse de ses vues autant que par la profondeur de ses recherches, donna l’impulsion aux travaux postérieurs et à ceux de Niebuhr lui-même. Il est bon de constater les faits de ce genre, afin que, dans le progrès de la science, chacun jouisse de la part de gloire et de reconnaissance qui lui est due.

Comme tous les hommes supérieurs, M. Micali fut loin d’être pleinement satisfait des essais de sa jeunesse. Au lieu de se reposer dans le succès flatteur qu’il avait obtenu, il recommença ses études, devenues plus faciles à quelques égards, et plus intéressantes par la découverte d’un grand nombre de monumens propres à répandre une vive lumière sur le sujet qui l’occupait. Il relut tout ce qui s’y rapporte dans les écrits des anciens et des modernes, compara tout, discuta tout, et non content des connaissances qui se puisent dans les livres, il parcourut l’Italie entière, pour recueillir sur les lieux mêmes, par l’inspection immédiate du sol, ces notions précises que