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rue de Richelieu. On désigne comme chargée de cette opération médéenne une personne qui réussirait sans doute, si Troie pouvait être sauvée ; mais, hélas ! Troie est bien morte, et le Théâtre Français aussi. Je ne voudrais pas d’autres symptômes de l’atonie mortelle où est plongé l’art dramatique en France, que ce qui se passe en ce moment. Deux hommes que tout le monde nommera, sans que je le fasse, pourraient seuls lui rendre ses beaux jours : eh bien ! l’un a cadenassé ses productions dans un avare portefeuille ; l’autre a tourné le dos à la scène pour s’enfouir dans les vieilles chroniques : il s’est fait bénédictin.


De tristes nouvelles sont arrivées récemment d’Italie. Le grand-duc de Toscane veut que ses sujets n’aient rien à envier à ceux de son voisin le duc de Modène, et d’un seul coup il vient de se placer à la hauteur de son modèle. Suppression de journaux, d’académies, d’écoles ; destitutions de professeurs, abolition de la défense dans les procès criminels, défense d’accompagner les morts au lieu de repos, etc., etc., tout est tombé à la fois sur la Toscane. L’Anthologie, le meilleur recueil peut-être de l’Italie, a péri dans la bagarre. Puis, quand un jour ou l’autre, tremblera le sol, les auteurs de ces beaux faits d’armes seront tout surpris de se trouver face à face avec un peuple irrité. C’est une belle chose que l’histoire et très féconde en enseignemens !


Deux expéditions viennent de s’organiser en Angleterre pour aller à la recherche du capitaine Ross, parti depuis trois ans pour découvrir un passage dans le grand Océan boréal, et dont on n’a pas de nouvelles depuis une année. L’une, qui doit avoir lieu par terre, est déjà partie de Liverpool le 17 février dernier. Le capitaine Back, qui la commande, doit être arrivé à Montréal dans le Canada. De là il doit gagner le grand lac des Esclaves à 2500 milles de Montréal, puis longeant la rivière des Poissons qui se jette dans la mer boréale entre les 68e et 69e degrés de latitude, arriver sur les bords de cette dernière où il hivernera. Au printemps de l’année 1834, il se dirigera vers la carcasse du Fury, l’un des bâtimens du capitaine Parry, qui a péri dans ces parages. Ses mouvemens ultérieurs seront nécessairement réglés par les circonstances.

L’autre expédition, commandée par le frère du capitaine Ross, est encore en Angleterre ; elle aura lieu par mer, et arrivera près de la carcasse du Fury à peu près à la même époque que le capitaine Back. Ainsi il est probable que d’une part ou d’autre on aura des renseignemens sur le sort du capitaine Ross.


On vient de recevoir de l’Inde des lettres qui annoncent indirectement la mort de M. Jaquemont, qui parcourait ces contrées depuis plusieurs