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REVUE DES DEUX MONDES.

Ainsi, le clergé de France avait, en 1789, tant en biens-fonds qu’en dîmes, casuel et dons pieux, des revenus annuels s’élevant au moins à 405 millions de francs. C’était près de 1300 fr. par ecclésiastique de tout rang, et beaucoup au-delà d’un tiers du produit territorial du royaume, avant sa réduction par les impôts levés pour l’état. Ces impôts réduisant à 600 millions le produit net des propriétés, on ne peut douter que les rentes foncières du clergé, la dîme, le casuel et les dons volontaires ne comprissent plus de deux tiers de la richesse publique donnée chaque année par le sol de la France entière.

En ne tenant compte que du produit foncier et de la dîme, qui n’en différait point, les revenus du clergé montaient à près de 200 millions. Or, dans ce temps, l’impôt étant de la moitié du produit foncier du royaume, s’il avait été réparti également, le clergé aurait payé 100 millions de taxes ; mais ses biens étant libres d’imposition, équivalaient par ce privilège à des revenus ordinaires de plus de 300 millions, ou de la moitié du produit net de toutes les propriétés foncières.

Si nous sommes étonnés en lisant dans l’histoire de l’ancienne Égypte que la caste sacerdotale possédât le tiers des biens du pays, c’est qu’on n’a point encore montré, par des supputations déduites de bases authentiques, quelle était en France, et dans plusieurs autres états de l’Europe, à la fin du dernier siècle, la part qu’avait obtenue le clergé dans la propriété territoriale et dans son usufruit.

2o NOBLESSE.

Avant 1789, le corps de la noblesse, au nombre environ de 150,000 individus, avait :


Revenu. Capital.
En biens fonds 
170,000,000 fr. 3,400,000,000 fr.
En droits féodaux 
52,000,000 fr. 1,040,000,000 fr.
Sur la liste civile 
36,000,000 fr. 720,000,000 fr.
En pensions 
28,000,000 fr. 560,000,000 fr.
Totaux 
286,000,000 fr. 5,720,000,000 fr.


Ce revenu était atténué :


1o Par la participation d’un nombre borné de roturiers ou de nobles prétendus soit aux pensions civiles et militaires, soit aux faveurs de la cour ;

2o Par un faible contingent dans le paiement des impôts territoriaux ; savoir : 3 millions de capitation et 15,600,000 fr. de vingtièmes sur les