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MÉLANGES.

contrées de la terre, à différentes hauteurs au-dessus du sol, et enfin en différens temps. L’uniformité de composition s’explique fort bien par le mélange qu’opèrent incessamment les courants aériens ; pour la constance aux différentes époques (comprises, il faut le dire, dans des limites assez étroites), elle tient d’une part à ce qu’il s’établit une sorte de compensation entre les diverses altérations, de l’autre à ce que la quantité d’air respirée à chaque instant, et diversement altérée par les êtres vivans, est extrêmement petite quand on la compare à la masse entière de l’atmosphère. Rien ne prouve d’ailleurs que la composition de l’enveloppe gazeuse du globe n’ait pas varié avec le temps, et il y a même d’assez bonnes raisons pour croire qu’à des époques fort reculées cette composition était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui, qu’alors elle était impropre à entretenir la vie des animaux, du moins de ceux qui sont le plus élevés dans l’échelle des êtres.

Si dans les êtres organisés on se borne à considérer les animaux, on voit qu’il existe pour eux plusieurs différences dans le mode de respiration. Les uns en effet respirent l’air en nature, d’autres le prennent dissous dans l’eau. Chez les uns, c’est le sang, ou, pour parler plus généralement, le fluide nourricier, qui vient de toutes les parties du corps chercher, dans une région particulière, l’air gazeux, ou dissous dans un liquide. Chez les autres, au contraire, c’est l’air qui va dans chacun des points du corps chercher le fluide ; tel est le cas des articulés.

Chez tous les insectes aériens ou aquatiques, la respiration s’opère toujours par le moyen de trachées, qui, prenant leur origine à la surface du corps, vont, en se divisant jusqu’à l’infini, porter l’air respirable jusqu’aux parties les plus éloignées. C’est un fait qui ne souffre point d’exceptions, et qui a lieu pour les insectes aquatiques comme pour les insectes aériens. Chez ces derniers, l’air entre dans les trachées et en sort par le fait d’une action musculaire comparable à celle qui a lieu dans la déglutition. Quant aux premiers, tantôt ils puisent l’air respirable immédiatement dans l’atmosphère en venant respirer à la surface de l’eau, tantôt ils le puisent dans l’eau qui les environne. Ce mode de respiration, qui jusqu’à présent n’avait pas été suffisamment étudié, est devenu pour M. Dutrochet l’objet d’un travail spécial, et il a exposé les résultats de ses recher-