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MÉLANGES.

à les préserver des requins ; mais ils n’y ont pas une telle confiance qu’ils négligent pour cela les autres précautions.

CONTINENT AUSTRAL.

Nous avons dans notre précédent article dit quelques mots de la découverte de terres situées vers le pôle austral, faite en 1831 et 1832 par le capitaine Biscoe, commandant du brick le Tula, en compagnie du cutter le Lively ; les deux bâtimens appartenant à MM. Enderby, riches armateurs de vaisseaux pour la pêche de la baleine. Voici quelques détails plus complets tirés d’une communication faite à la société royale de géographie de Londres.

Les terres découvertes par ce navigateur font, à ce qu’il suppose, partie d’un vaste continent qui s’étendrait depuis les 47° 30′ environ de longitude orientale du méridien de Londres, jusqu’aux 69° 29′ de longitude occidentale, c’est-à-dire depuis la longitude de Madagascar jusqu’à celle du cap Horn, espace qui embrasse le tour entier de l’océan Pacifique et de la mer du Sud.

Le capitaine les vit pour la première fois le 28 février 1831, et il put les observer pendant tout le mois de mars suivant. Il distingua très clairement les pics noirs des montagnes s’élevant au-dessus des neiges, mais il lui fut impossible, à cause du temps et des glaces d’approcher la terre à moins de dix lieues. Les pétrels, que les marins connaissent sous le nom d’oiseaux de tempêtes, furent les seuls oiseaux qu’il aperçut dans ces parages où il ne trouva aucune espèce de poisson. Le Tula était par 66° 30′ de latitude méridionale et par 47° 30′ de longitude orientale du méridien de Londres au moment où on aperçut cette terre, à laquelle le capitaine Biscoe donna le nom de terre d’Enderby. Il la suivit dans une étendue d’environ cent lieues marines, et remarqua que la direction des montagnes était de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest. Il ne put en reconnaître davantage, le mauvais état de santé de son équipage l’ayant forcé de regagner des latitudes moins froides. Il hiverna à la terre de Van Diemen, où il fut rejoint par le Lively, dont il avait été séparé par les tempêtes à l’époque où ils se trouvaient dans les hautes latitudes de cette partie du globe terrestre.