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MÉLANGES.

distinguait encore quelques-unes vers le nord-est, à leur lueur blanchâtre et à la rapidité de leur mouvement, un quart d’heure après le lever du soleil.

« Les pêcheurs du faubourg indien de Cumana dirent que le feu d’artifice avait commencé à une heure de la nuit, et qu’en revenant de la pêche dans le golfe ils avaient déjà aperçu des étoiles filantes, mais très petites, s’élever à l’est. »

Ces phénomènes de 1799 furent visibles depuis le pays des Esquimaux, le Labrador et le Groenland, par soixante-quatre et quatre-vingt-deux degrés de latitude boréale, jusque près de l’équateur, sur les frontières du Brésil et à la Guiane française, où l’on vit le ciel comme enflammé dans la partie du nord. Pendant une heure et demie, d’innombrables étoiles filantes parcouraient le ciel et répandaient une lumière si vive, qu’on pouvait comparer ces météores aux gerbes flamboyantes lancées dans un feu d’artifice. M. Ellicot, astronome aux États-Unis, les observa dans le canal de Bahama, et un curé des environs de Weimar, en Allemagne, les remarqua aux mêmes momens au sud et au sud-ouest, de sorte que ces météores ont été partout également resplendissans sur un espace de 921,000 lieues carrées. Ceux de novembre 1832 paraissent avoir été plus limités. Cependant la coïncidence des observations dans des points aussi éloignés que le midi de la France et le nord de l’Angleterre prouve que le phénomène avait encore une très grande étendue.

En supposant que dans le fait rapporté par M. de Humboldt ce fussent les mêmes météores ignés qu’on aperçut aux points extrêmes où eurent lieu des observations, il en résulterait que leur hauteur n’aurait pas dû être moindre de 410 lieues ; mais M. de Humboldt incline à croire que les Indiens Chaymas de Cumana n’ont pas vu les mêmes bolides que les Portugais du Brésil et que les missionnaires du Labrador.

Il est remarquable, dit M. Gautier, que des phénomènes si frappans, et si voisins de la terre, comparativement à ceux que présentent les corps célestes, soient encore si peu connus dans leur nature et dans leurs causes, et que les étoiles filantes ordinaires, avec lesquelles ces météores paraissent avoir la plus grande analogie, offrent aussi les mêmes incertitudes. Après avoir rappelé les prin-