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ouvrages de cette année. Le marbre que nous voyons est très supérieur au modèle exposé il y a deux ans. Toutes les parties sont traitées avec soin, avec amour. Peut-être l’ensemble est-il un peu froid. Mais, dans le style paisible et simple, c’est un morceau remarquable.

Le danseur de M. Duret, dont le visage ne manque ni de gaîté ni d’animation, vaut moins que le pêcheur de M. Rude, à cause de la rondeur générale des formes ; le mouvement demanderait des contractions musculaires, qui sont absentes.

Il est fâcheux que le buste de la reine, de M. Moine, ne soit pas terminé. Cette circonstance, ignorée du public, et même de plusieurs critiques de profession, a donné lieu à des jugemens précipités. On a déclaré impossibles des qualités qui n’attendent que le ciseau pour se révéler. Le modèle en plâtre que j’ai vu est beaucoup plus charnu et plus fin que le marbre du Louvre.

Dans le duc de Nemours, de Chaponnière, je n’aime pas les cheveux qui s’attachent aux tempes, le reste me semble irréprochable.

L’Ulysse, de M. A. Barre, possède plusieurs élémens de réalité ; mais les formes et les lignes ne sont pas assez choisies. C’est un point de départ, un acheminement. Mais l’auteur aurait tort de croire qu’il est arrivé.

Un portrait de M. Simart offre plusieurs parties modelées habilement, mais étudiées successivement, à ce qu’il semble, en elles-mêmes et pour elles-mêmes, sans intention préconçue, sans volonté ; de telle sorte que ces vérités de détail se combattent et se nuisent, et ne composent pas une vérité une et claire. Mais il y a de bonnes lignes : avec peu de chose la tête serait bonne.

Je suis forcé de protester de toutes mes forces contre les encouragemens prodigués à MM. Préault et Duseigneur. Le premier prend pour de la sculpture la laideur grimaçante variée à l’infini, et ne se donne pas même la peine d’amener à bien les caricatures qu’il conçoit. Il s’en tient à l’ébauche, et ses amis prennent pour du génie la paresse et la gaucherie de ses doigts. Je n’ai rien à en dire, sinon que l’art et la critique n’ont rien à voir dans ce libertinage puéril. L’Esmeralda de M. Duseigneur nous ramène aux